Au Burkina, quand le ciel commence à s’assombrir, l’inspiration des jeunes internautes monte d’un cran. Ils se mettent à rêver ces temps qu’ils passeront dans les bras de l’être aimé(e). Les taquineries habituelles lancées verbalement entre jeunes se sont déportés sur la toile. Surnommés les poètes des temps pluvieux, leurs publications amusent plus d’un sur les réseaux sociaux notamment Facebook.
‘’C’est samedi, le ciel promet d’être généreux. Poètes des temps pluvieux, rejoignez les rangs’’. Postée le 10 juillet par de Salif Akerman Ouédraogo, la publication interpelle notamment Marius Diessongo, un autre internaute, poète des temps pluvieux à ses heures. « Cher Marius Diessongo, poète invertébré des temps complice, viens répondre à l’appel », renchérit Tiavigou Tiemounou avec des émoticônes de rires tout en taguant lui aussi Marius Diessongo.
« Tout est parti banalement. J’avais partagé un poème de Verlaine, pendant qu’il pleuvait et les internautes ont aimé, depuis ce jour, je continue de publier des messages poétiques empreints d’amour », explique Marius. A chaque fois que la pluie tombe, le jeune homme est interpellé à travers d’autres publications. « À chaque pluie, les gens m’identifient dans des publications dans l’espoir que je publie des poèmes. Parfois, cela fait ringard de parler poème, puisque de nos jours, certains estiment que le plus important dans une relation se résume aux biens matériels et au sexe. C’est donc un autre regard qu’on essaie d’apporter dans une société dominée par le matériel dans les relations sentimentales », commente l’initiateur.
Nachire Ussen, un autre internaute a lui, inventé une histoire autour d’une voisine imaginaire. « L’histoire de ma voisine, celle qu’on vient chercher chaque fois que le ciel s’assombri. On me demande toujours d’après elle quand je ne fais pas de publication quand il pleut », explique Nachire, tout amusé. « Quelqu’un est passé chercher la voisine », ou encore « le téléphone de la voisine est éteint » sont autant d’histoires inventées par le jeune photographe.
Plaisant et déstressant
Ces publications ont pour objectif selon les ‘’poètes’’ de profiter du temps agréable pour plaisanter, inventer des histoires, et libérer des vers entre internautes. ‘’ Le côté romantique, la drague à l’ancienne qui avait pour fondement les belles phrases, les mots doux’’ sont mis en exergue. ‘’ C’est plaisant. Ça détend’’, explique Marius qui rappelle que les réseaux sociaux ont également une portée ludique, certains y vont parfois pour décompresser.
Toutefois, insiste-t-il : « les poèmes ne sont pas une invite à l’acte sexuelle mais plutôt au romantisme. Pour cela les poèmes que je partage n’ont pas de connotation sexuelle’’. Selon Salif Ackermann Ouédraogo « les poèmes des temps pluvieux », demande un minimum d’imagination et de créativité en écriture. « Je trouve que c’est un instant de partage de vibrations positives qui donne envie d’envoyer des mots doux à la personne qu’on aime ou avec qui on aimerait être à ce moment précis où la pluie adoucit le temps », affirme Salif Ackermann. Il espère que ces poèmes impacteront les plus jeunes et contribueront à enrichir leur vocabulaire.