A Dédougou dans la région de la boucle du Mouhoun, le fonio est consommé au quotidien. Sous forme de couscous, bouillie, biscuits, grumeaux…, ce céréale se retrouve dans tous les plats. Les amateurs de fonio ne cessent de vanter ses présumés vertus thérapeutiques. Les producteurs et transformateurs évoquent, eux, un processus pénible pour sa transformation.
Dans l’un restaurant du centre-ville de Dédougou, Amidou (nom d’emprunt) vient de finir son plat de fonio sauce arachide. Amidou est un grand amateur de fonio, met particulièrement apprécié de la cité des Bankuy, « je suis de passage à Dédougou et je voulais goûter au fonio », dit-il visiblement rassasié et satisfait. Le fonio est généralement consommé en semoule accompagné de sauces pâte d’arachide, feuilles ou légumes. La demande journalière de fonio est forte explique Alimatou Coulibaly/Waka, responsable du restaurant. « Ça ne suffit même pas. Par jour, nous préparons environs 20 kilogrammes de fonio. Les clients s’en délectent ». Le fonio est l’un des céréales les plus cultivés dans la région de la boucle du Mouhoun. Restauratrices, revendeuses et transformatrice s’approvisionnent auprès des producteurs de Djibasso, Bondokui, et Nouna. Pour Mafarma Ouattara, revendeuse de fonio au grand marché de Dédougou depuis plus de 15 ans,,« Le fonio est assez consommé à Dédougou. Les gens viennent acheter, 1, 2 voire 3 boites pour les besoins de cuisines et autres », explique la quadragénaire.
Le fonio, pénible et lassant
Selon Fatima Ouattara/Badjo présidente de la coopérative Saniya (propreté en langue nationale dioula) spécialisée dans la transformation de fonio, la céréale est difficile d’entretien et de préparation. « Le fonio est beaucoup consommé à Dédougou. Il est rentable et bénéfique mais son travail est pénible », explique Fatimata Badjo. Les membres de la sa coopérative prennent toujours une journée pour laver le fonio. C’est aussi le même procédé dans les restaurants. Alimatou Coulibaly/Waka, responsable d’un restaurant, a embauché deux femmes uniquement pour le lavage du fonio. « Nous pouvons laver près de 40 fois pour enlever le sable et les petits cailloux. Le travail de fonio requiert beaucoup de patience. Il faut toujours vérifier avant de le passer à la vapeur », explique Alimatou Coulibaly qui est dans la vente du fonio depuis plus de 25 ans.
Alimatou Coulibaly/Waka, la restauratrice et Fatimata Badjo, la présidente de la coopérative déplorent, toutes deux, le peu d’engouement des jeunes filles pour la transformation du fonio. « Lorsque les jeunes filles viennent pour apprendre, au bout de quelques jours elles abandonnent, avançant l’argumentaire de la difficulté (ndlr, le lavage, la cuisson) du fonio ».
Le fonio est également transformé en biscuits, grumeaux, farine, etc. conditionnés dans des sachets vendus dans des alimentations et marchés de Dédougou.