Passer des vacances utiles, c’est ce que des jeunes femmes ont entrepris à Dédougou. Elles ont décidé d’apprendre le tissage et la teinture. En plus d’apprendre un métier, ce job de vacances leur permet aussi de se faire de l’argent.
Sous un hangar de fortune servant d’atelier, l’air concentré, Nafissatou Ky, 19 ans, tisse avec adresse des fils de cotons multicolores. Avec patience et précision, elle passe l’ensouple d’une main à l’autre. Le geste des mains suit la cadence des pieds sur les marches du métier à tisser provoquant un bruit léger de métal. Au fil des mouvements, un tissu en faso danfani se forme.
Elève en classe de 4e, la jeune fille consacre ses vacances au tissage et la teinture pour se faire de l’argent à la rentrée scolaire. « Le tissage nous permet de ne pas rester sans rien à faire. Cette activité m’aide à payer les frais de scolarité et à apprendre un métier qui va me servir après mes études », explique la jeune fille d’un ton enthousiaste. Pour elle, pratiquer le tissage et la teinture pendant les vacances participe à l’indépendance des jeunes filles, « Si les filles apprennent quelque chose à faire, elles seront respectées », estime Nafi.
Une dizaine de filles accueillies
Roukiatou Sawadogo, 15 ans, s’est passionnée pour le tissage. « Je ne sais pas si je vais réussir dans les études. C’est pour cela que j’apprends un métier en venant travailler ici pendant les vacances », raconte également Roukiatou Sawadogo. Elle souhaite faire des économies pour fréquenter « le petit marché » de son école pour ne pas dépendre de ses parents.
Cette possibilité d’apprentissage en teinture est à l’initiative de Habibata Zan, fondatrice de l’association « Si timogo son », (Seul le travail paye, en langue dioula). Chaque année, une dizaine de jeunes filles venues des villages apprennent à tisser dans cet atelier selon dame Zan. « L’année passée, de jeunes filles sont venues me voir pour apprendre à tisser. Après, la chambre des métiers nous a sollicitées pour leur fournir des cartes d’artisans afin de bénéficier de matériels. Actuellement, elles sont six personnes qui ont reçu cet équipement », raconte-t-elle.
Selon elle, occuper les jeunes filles pendant les vacances permet d’éviter le vagabondage. Afin de pouvoir accueillir plus de filles, elles espèrent agrandir l’atelier et mieux l’équiper afin d’offrir la possibilité de travailler en saison pluvieuse.