Peindre la vie en couleur. Illuminer la vie en couleur. Par la magie des pinceaux des jeunes donnent vie aux rochers inertes. A Dissin, dans la région du Sud-Ouest du Burkina, des jeunes artistes grapheurs, artistes peintres, plasticiens, sérigraphes font briller la ville par leur génie.
Des petites mains qui tiennent une bombe de peinture. Mais un esprit de grand artiste en devenir. Doriane, 11 ans en classe de 6e, s’applique sur un site rocheux à perte de vue, à l’entrée de la commune de Dissin. Avec son jeune frère, elle couche son inspiration, pas sur une toile, mais un rocher.
« J’ai peint une case, un arbre. C’est ici sur le site que j’ai appris. J’ai commencé depuis le matin à 9h. J’aime la peinture parce que ça peut nous aider un jour à l’école », dit-elle, les mains tachetées de peinture. Permettre aux tout-petits de faire de la peinture picturale : l’initiative est de Sié Palenfo et de ses camarades. Natif de la région, le jeune artiste peintre dit avoir constaté que cette partie du Burkina regorge de rochers, non valorisés.
« J’ai constaté ces rochers, on ne peut pas cultiver dessus, ça parait banal, inutile. Comme je suis dans le domaine de la peinture. J’ai décidé de mettre cela en valeur, étant donné que c’est au bord de la voie », explique le jeune peintre, qui entre deux paroles, donne des instructions à Doriane et à son frère.
Tourisme et valorisation culturelle
Depuis 2015, Sié Palenfo est régulier sur les rochers de Dissin, mais aussi sur d’autres sites de la localité. « Entre-temps je me suis rendu compte qu’il y a de l’intérêt, les gens venaient s’arrêter pour faire des photos pour dire qu’ils sont de passage à Dissin », poursuit-il. Avec ses amis grapheurs, peintres, plasticiens, sérigraphes, il a ainsi créée un festival sur les arts rupestres du Sud-Ouest.
« Ça participe à l’embellissement de la ville de Dissin et la promotion du tourisme et de la culture Dagara ». Les artistes se laissent porter par leurs inspirations. Point de censure. Des pans de la culture Dagara y sont immortalisés. Des hommes ayant marqués l’histoire politique du Burkina y sont peints. Des messages de cohésion nationale y sont véhiculés.
Un musée en plein air
Selon Sié Palenfo, le festival à chaque édition initie les enfants à la peinture. C’est dans ce sens que Doriane et d’autres apprenants sont sur le site. « Nous pensons que le dessin permet l’ouverture d’esprit des enfants, une certaine autotomie de créativité », précise-t-il.
Impossible pour le voyageur qui entre à Dissin, de passer ces monticules colorés sans y marquer un arrêt.
« Quand on passait on a vu et on s’est arrêté. C’est parce que c’est joli qu’on s’est arrêté pour prendre des photos. Avant on ne s’arrêtait pas. Ça donne une autre couleur à la ville. C’est très beau », se réjouit Pierre Kambou, un visiteur du site. Rakiéta Sawadogo est à sa première visite à Dissin et elle se laisse séduire par cet art en plein air. « Ça donne envie de revenir, surtout avec les enfants pour faire des photos, faire de la promenade », s’exclame-t-elle, l’air conquise.