Comme la daba pour le cultivateur, les fournitures scolaires sont l’outil de travail des élèves. Les parents s’arrachent les cheveux pour les fournir à leurs enfants scolarisés. Pour l’année scolaire 2023/2024, débutant les prix de ces articles sont jugés assez élevés par les parents d’élèves. Les commerçants se justifient, même si certains sont épinglés en contrôles de prix.
« Rentrée colère » au lieu de rentrée scolaire pour certains ! Ce jeu de mots traduit l’état d’âme de certains parents d’élèves à l’approche du début des cours. Cela, du fait qu’en général, rentrée scolaire rime avec dépenses pour la recherche de place dans les établissements, de frais de scolarité et aussi de fournitures scolaires. Ce dernier constituant les outils même de l’élève.
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Un de ces lieux de vente de fournitures scolaires. Une grande salle aménagée, avec des étagères où sont disposés des cahiers de tous genres, des manuels scolaires en lien avec les différentes matières, des stylos, des gommes, des taille-crayons, des crayons… avec les prix affichés en bas de chaque article. Dès l’entrée, une odeur de neuf accueille et après, le bruit des clients prend le relais. Des parents d’élèves qui se renseignent sur l’emplacement des articles, pour certains et pour d’autres il s’agit de se faire aider dans le choix des articles, au regard de la qualité.
A Rood-Woko, le plus grand marché de Ouagadougou, l’ambiance est presque pareille, mais avec plus de monde. En plus de l’ambiance, ces différents endroits ont en commun les plaintes et complaintes des parents d’élèves venus acheter les fournitures scolaires de leurs enfants. Ce n’est pas de la tarte ! Pratiquement tous les parents d’élèves rencontrés se plaignent des prix des fournitures scolaires.
La plainte des parents d’élèves
Parent d’élèves de CP1, CP2, CM1, 3e et Tle, Céline Ouédraogo explique que comparativement à l’année passée, les prix ont augmenté. Elle signale que ce sont 25 ou 50 F CFA qui se sont ajoutés. « Les cahiers de 200 pages grand format font 1485 F CFA, or l’année passée c’était à 1380 F CFA », a-t-elle fait savoir, les yeux rivés sur la facture de ses dépenses. Une autre dame, visiblement remontée, venue compléter les fournitures de son enfant de la maternelle confie, regardant dans son sac de courses, que l’achat d’un cahier double-ligne, une trousse, deux gommes, deux taille-crayons, quatre crayons de papier lui a coûté 6000 F CFA.
Même son de cloche avec Modeste Belem : « Je suis venu chercher les fournitures de mon enfant qui fait le CE1. Je suis à presque 50 000 F CFA ». Parents de trois élèves, il se projette sur la note qui risque d’être salée, si pour un seul enfant il a dû miser presque 50 000 F CFA, or il y a bien d’autres charges relatives à la rentrée des classes. Il tire la conclusion que « cette année, vraiment les fournitures scolaires, ce n’est pas simple ».
Des commerçants épinglés lors des contrôles de prix
Kassoum Convolbo, vendeur de sacs depuis 5 ans, 24 ans, se plaint de la morosité du marché. Il fait comprendre que les années surpassée et passée, il pouvait vendre 100 sacs par jour. Mais cette année, il en est à environ 20 sacs vendus par jour. « On peut dire que c’est parce que les prix des sacs ont augmenté, mais c’est la situation du pays », a-t-il justifié.
A Rood Woko, au milieu d’une pile de cartons de cahiers et de nombreux autres articles scolaires, Abdoul Aziz Kanazoé fait savoir que la quantité de marchandises qu’il prenait à quatre millions est passée à six millions. Il justifie par là l’augmentation constatée sur les prix de ses fournitures scolaires. Ablassé Moné, un autre commerçant d’articles scolaires tient le même discours. Il explique que le carton de cahiers de 22 000 F CFA est passé à 24 000 F CFA. « Si le prix à l’achat augmente, il nous faut forcément augmenter pour ne pas perdre », s’est-il défendu.
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Ces augmentations peuvent paraitre anormales et le ministère en charge du Commerce, à travers la Brigade mobile du Contrôle et la Répression des Fraudes (BMCRF), dit avoir constaté que certains commerçants vendaient à des prix au-delà de la normale. Constat fait au cours d’une opération de contrôle débutée mi-septembre et s’étalant jusqu’à mi-octobre. Les prix des articles scolaires ne sont pas fixés par le ministère en charge du Commerce, mais il y a une règlementation.
Le chef du département des Investigations, du Contrôle et de la Lutte contre la fraude et la contrefaçon au sein de la BMCRF, Bernard Belemgnégré explique que les vendeurs d’articles scolaires sont tenus de respecter une marge bénéficiaire de 20% sur les livres et ouvrages servant à l’enseignement primaire, secondaire, supérieur et à la Formation professionnelles et sur les autres fournitures scolaires.
Ce taux est de 25% sur les cartables et trousses scolaires. Entre coups de file pour donner des instructions à ses collaborateurs, Bernard nous apprend que le prix des articles scolaires à ne pas dépasser est fixé par les commerçants eux-mêmes prenant en compte tous les frais engagés depuis le pays d’origine de la marchandise, jusqu’à la destination au Burkina Faso. Ce sont ces éléments qui font l’objet de vérifications lors de l’opération de contrôle de prix.
Boureima Dembélé