Des acteurs du système éducatif burkinabè scrutent l’année scolaire sur le plateau de Ya’Débat. Au regard de la situation sécuritaire avec plus de 2500 écoles fermées, de la mise en œuvre des nouvelles réformes aux examens, certains prédisent une année difficile. D’autres par contre exhortent les élèves à se départir des grèves et marches pour ne pas échouer.
Depuis trois années, chaque rentrée scolaire est source d’inquiétude pour Jean-Pierre N’do et ses camarades. Secrétaire général adjoint de la fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l’éducation et de la recherche, il évoque les problèmes de redéploiement des enseignants dont les écoles sont touchées par les attaques terroristes. « C’est extrêmement difficile à gérer », soupire l’invité.
Alors quand l’animateur du débat Martin Kaba lui demande si la rentrée scolaire 2021-2022 s’annonce bien, l’invité ne tourne pas. « On ne peut pas dire que l’environnement est sain avec 300 000 élèves dehors, plus de 3000 classes fermées. On a peur », dit-il, ajoutant que des localités qui étaient jusque-là épargnées sont désormais attaquées par des terroristes, avec des villages vidés, des classes fermées.
Lucien Hien, conseiller technique du ministre en charge de l’éducation nationale n’est pas d’accord quand l’animateur dit que 3000 élèves ne vont plus à l’école. Selon lui, les élèves sont certes déplacés, mais réinscrits dans d’autres zones. « Nous avons prévu la construction d’infrastructures complémentaires pour accueillir les élèves déplacés qui sont sur les sites d’accueil », explique l’invité qui précise aussi que le ministère accompagne les élèves déplacés avec les manuels et fournitures.
Année test pour des réformes décriées
Représentant de l’Union nationale des associations des parents d’élèves du Burkina, Souleymane Nignan, estime ces efforts insuffisants. « Nous avons demandé au ministère de faire davantage. C’est bon, mais ce n’est pas arrivé. Nous avons souhaité plus d’infrastructures pour que tous les enfants en situation d’insécurité puissent aller à l’école », dit-il. « Il n’y a pas que le ministère pour tout faire », rétorque Lucien qui interpelle les familles et la communauté éducative.
Cette année verra l’entrée en vigueur des réformes annoncées dans les examens. Les élèves avaient vaillamment refusé cette réforme au cours de l’année scolaire 2020-2021. Mais pour Lucien Hien, il n’y a pas de péril en la demeure. Il en veut pour preuve les excellents résultats des candidats au BEPC dans les matières de SVT et d’histoire-géographie.
« Si les sujets ont été si faciles, pourquoi on a assisté à 72% d’échec au BEPC de cette année, qu’est-ce qui explique cela ? », demande Jean-Pierre N’do avec insistance. « Les échecs des élèves ne sont pas seulement impitoyables au ministère. C’est toute la chaine », lui renvoie Lucien.
Pour une année apaisée
En tout cas, le représentant de l’Union nationale des associations du parent d’élèves du Burkina, Souleymane Nignan souhaite que l’année scolaire soit apaisée. Pour lui, cela passe par la responsabilité des parents qui doivent sensibiliser les enfants. Ces derniers peuvent revendiquer sans s’adonner à des scènes de violences, soutient l’invité.
Le conseiller technique du ministre en charge de l’éducation nationale lui également rappelle que le souci de l’autorité est que l’année scolaire soit apaisée et sécurisée. D’ailleurs une feuille de route avec 56 activités a été édictée pour cela. Si les élèves veulent réussir à leurs examens, qu’ils arrêtent de marcher, conseille-t-il en substance.
La tranquillité de l’année scolaire dépendra de l’attitude du ministère à communiquer avec sincérité avec la communauté éducative, estime pour sa part Jean-Pierre N’do.
L’intégralité du débat sera diffusée ce 25 septembre 2021 à partir de 9 heures dans l’émission Le Grand Rendez, à Ouaga sur Radio Légende 94.4 fm et les autres stations partenaires.