Claurielle à 15 ans, est tombée enceinte alors qu’elle était en classe de 5e. Un épisode de sa vie dont elle se rappelle douloureusement. Sur le plateau de Ya’Débat elle livre un témoignage devant un public constitué essentiellement d’élèves. Le phénomène perdure, malgré les sensibilisations. Studio Yafa a posé le débat à Réo, chef-lieu de la province du Sanguié qui a enregistré plus de 660 cas de grossesses dans ses collèges et lycées l’année dernière.
« Ça me fait très mal de voir les jeunes filles tombées dans le même piège que moi », soupire Claurielle Koutou sur le plateau de Ya’Débat. Enceinte alors qu’elle n’avait que 15 ans, elle a failli écourter son cursus scolaire. Aujourd’hui étudiante en première année, elle regrette que malgré les sensibilisations, le mal perdure. 668 élèves tombées enceinte dans la seule province du Sanguié durant l’année scolaire 2020-2021.
Si ce chiffre est élevé, Joseph Badolo, président de Pointoi, une association qui fait dans la sensibilisation sur la question des grossesses en milieu scolaire, estime que les cibles ne sont pas atteintes. Il regrette que la sensibilisation soit laissée seulement aux structures associatives. Les pouvoirs publics ferment les yeux sur le phénomène, ils ont échoué.
Qui à la barre ?
« Non on n’a pas échoué», réplique Sita Ouattara, cheffe de service promotion de l’éducation inclusive et de l’éducation des filles, représentant la direction provinciale des enseignements post-primaire et secondaire du Sanguié. Elle reconnait que l’Etat et ses démembrements ne font pas assez, mais promet un changement.
Elle note que la consommation des stupéfiants par les élèves, les activités socioculturelles sont des occasions qui favorisent souvent la sexualité précoce. L’invitée indexe par ailleurs la responsabilité des parents et des écoles. Son avis est partagé par la jeune Claurielle.
« La faute aussi relève des parents qui ne parlent pas de la question avec leurs enfants. Il faut être franc avec les enfants et leur tenir un langage de vérité(…) A cet âge, on veut ressembler aux autres, avoir le même téléphone que les autres, on se met avec des garçons pour avoir de l’argent », explique-t-elle.
Les parents, les pouvoirs publics, les élèves eux-mêmes sont les premiers responsables. Mais Joseph Badolo pointe également la responsabilité de certains enseignants qui harcèlent leurs élèves. Sur le terrain de la sensibilisation, il dit avoir vu des cas de ce genre. « Certains garçons nous invitent à parler de cela lors de nos séances de sensibilisation », dit-il, sous les acclamations des élèves fortement mobilisés.
Des préservatifs dans les trousseaux ?
Tentatives d’avortement, décès en couche, stigmatisations, bannissements, abandons scolaires…les invités du débat citent à la pelle les conséquences des grossesses en milieu scolaire. Débat participatif, Ya’Débat à Réo a suscité l’intérêt du public qui s’est bousculé pour participer aux échanges. Elèves en classe de 2nde, Jonathan Bassolé expliquent que l’utilisation d’une méthode contraceptive est souvent source de stigmatisation.
Le jeune élève préconise pourtant qu’en plus des fournitures scolaires, les préservatifs ou autres méthodes contraceptives soient ajoutées aux trousseaux des élèves. Pas forcément d’accord avec lui, certains de ses camarades penchent pour une abstinence, pendant que d’autres plaident pour l’introduction des modules sur la santé sexuelle et reproductive à l’école.
L’intégralité du débat sera diffusée ce 09 octobre 2021 à partir de 9 heures dans l’émission Le Grand Rendez, à Koudougou sur Radio Palabre 92.2 Fm, à Ouaga sur Radio Légende 94.4 fm et les autres stations partenaires.