A 48h de l’ouverture du FESPACO, les jeunes artisans qui d’habitude font de bonnes affaires grâce à cet événement, scrutent la biennale avec appréhension. Dans les ateliers de confection de gadgets de tee-shirts et de casquettes, des jeunes disent ne pas sentir le FESPACO. Il n’y a pas de commandes comme les éditions précédentes.
Aidé par deux jeunes apprentis, Omar Nana est en pleine séance de sérigraphie. Avec un appareil, il imprime des écritures et des logos sur des tee-shirts. C’est la commande d’une entreprise de la place. Avant, à quelques jours du début du FESPACO, le jeune patron était débordé de commandes.
« Vraiment on ne sent pas du tout le FESPACO de cette année. Les éditions précédentes, nous avions fait des tee-shirts, mais cette année, on n’a rien fait. On n’a rien préparé. On ne sent même pas l’événement, c’est mou », dit-il, l’air déçu.
Une édition pas comme les autres ?
Il ajoute qu’à l’occasion de la fête du cinéma africain, des particuliers venaient commander des tee-shirts, des caquette et autres gadgets qu’ils revendaient sur les différents sites accueillant des festivaliers. Mais à cette édition, il n’a reçu aucune commande. « Nous aussi on ne comprend pas cette année (…) je n’ai même pas encore vu le logo du FESPACO. Avant on voyait l’événement venir. Je suis dans cette activité depuis longtemps, mais je n’ai pas encore vu une édition comme ça », enfonce-t-il.
Quand on lui dit qu’il faut peut-être attendre quelques jours encore, il s’empresse de préciser que les éditions antérieures, à 48h de l’événement, il avait pratiquement fini la confection des objets commandés.
La conséquence du report ?
Au siège du FESPACO, comme dans une fourmilière, tout le monde s’affaire. Des stands poussent progressivement dans la cours. Au dehors, les petits marchands qui longent le mur vendent des chaussures et autres articles qui n’ont rien à voir avec l’événement. Issaka, assis à l’ombre d’un arbre pense que les vendeurs de gadgets qui contribuent à donner de l’éclat à la fête sont encore dans les ateliers.
A la cité An III de Ouagadougou, sur la voie après les rails en venant de la place de la nation, des femmes s’illustrent dans la vente des pagnes événementiels. Elles accrochent des tissus à leurs motos. Quelques-unes portent le logo du FESPACO 2021. Salimata, sur sa moto scooter vient de garer. Sur sa monture, trois pagnes du FESPACO qu’elle remet à une cliente assise dans un véhicule. Selon elle, le marché est timide jusque-là.
Même si elle dit espérer l’amélioration de la situation, la commerçante explique déjà la timidité du marché par le report de l’événement. « Comme FESPACO a été reporté là, les gens même ont oublié. Et puis, comme c’est la rentrée, les gens n’ont pas l’argent », tente-t-elle d’expliquer.
Loin des salles de projection des films et des grandes rencontres sur le cinéma africain qui rythment chaque édition du FESPACO, les vendeurs de gadgets contribuent à donner un caractère populaire à la biennale.
Initialement prévue du 27 février au 6 mars 2021, la 27e édition du FESPACO a été reportée, à cause de la pandémie de la Covid-19, au16 au 23 octobre 2021.