Trois visages, trois histoires, un film : Bendskins. En 90 minutes sur les taxi-motos (Bendskins) dans les rues de Douala, le jeune réalisateur Narcisse Wandji tourne sa caméra sur les viols, les vols, les violences ou les grossesses juvéniles. Le tout à travers trois visages, si différentes mais avec un destin commun.
Marie, Franck, Sani. Trois histoires différentes, avec comme dénominateur commun : les motos qui font office de taxi au Cameroun. Pour gagner leur vie, des jeunes africains conduisent des moto-taxis ou Bendskins. Au Cameroun, au Togo, au Bénin, ou au Burkina, l’activité du secteur informel est bien connue.
Comme une caméra fixée sur chaque moto, le jeune réalisateur fait une immersion dans le monde de ces acteurs du secteur informel. Marie est conductrice, pas uniquement pour gagner sa vie, mais aussi et surtout pour retrouver l’homme qui a abusé d’elle, il y a quelques années, la laissant enceinte.
Franck, est quant à lui, le reflet de la face hideuse de ces taximen particuliers. Juché sur sa monture, ils multiplient les vols à l’arraché dans les rues. Le pire surviendra quand il s’empare violemment d’un sac, qui en réalité contient le corps du cousin de Alexa, la fille dont elle vient de tomber amoureux.
Une jeunesse désœuvrée
Sani, le troisième conducteur slalome dans les rues de Yaoundé, et tente d’éviter le père de Samedi, sa petite amie enceinte. Le père de la jeune fille, policier, lui tire dessus quand il apprend que sa fille est enceinte, à quelques semaines du Baccalauréat.
Entre gifles, proposition d’avortement de « cette saleté », son père lui lance : « je t’ai envoyé à l’école pour que tu me ramènes le Baccalauréat, pas une grossesse ».
Bendskins du jeune réalisateur dénonce subtilement la situation de cette jeunesse diplômée, mais désœuvrée (Franck est titulaire d’un master) obligée d’envelopper son chômage dans des petites activités.
Un parcours d’initiation
Bendskins, c’est aussi la violence faite aux femmes (viol de Marie, gifles reçues par Samedi). C’est également la célébration de la bravoure de ces femmes qui élèvent seules leurs enfants, malgré l’adversité (Marie).
Seul représentant du Cameroun à la conquête de l’Etalon d’or du FESPACO Narcisse Wandji dit être heureux d’être dans la sélection officielle. Venu « apprendre » auprès des « ainés » selon son mot, il considère sa première sélection comme un « parcours d’initiation ».
La dernière projection du film est prévue pour ce vendredi 22 octobre à l’institut français à la séance de 18h30.