La saison des pluies prend fin bientôt sur l’ensemble du territoire burkinabè. A Boromo dans la province des Balé, les agriculteurs sont toujours en attente des dernières pluies pour pouvoir récolter le fruit de leur labeur. Ils espèrent de meilleures récoltes cette année par rapport à l’année dernière. Mais la plus grosse difficulté, c’est l’invasion des éléphants dont sont victimes les champs à cette période de la saison.
Il est 8h et le soleil est levé à Ouroubonon, une commune rurale située à environ 5km de Boromo. Les femmes sont dans leur concession, occupées par les travaux ménagers. Pendant que certaines étalent du haricot et d’autres sont dans les casseroles pour le petit déjeuner, mais la plupart se préparent pour le champ. Un peu plus loin, des jeunes prennent le café dans un kiosque et échangent sur divers sujets, une sorte de revue de presse, avant de prendre le chemin du champ.
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A Ouroubonon, en plus des caprices de la pluie, il y a une grosse épine, que disons-nous, un gros tas de muscle dans le… champ de ces cultivateurs. Zone d’éléphants, animal symbole d’ailleurs de Boromo, capitale de la province, Ouroubonon regorge de ces gros mammifères souvent en transit ou vivant dans la forêt classée. Sur le chemin ou sortant à la recherche de nourriture, les éléphants font souvent une halte dans les champs des agriculteurs de cette localité. Ilfo Yao l’air inquiet et impuissant face à cette situation confie, en effet, que le retard de la pluie n’est pas le seul problème à Ouroubonon. Selon lui, la visite des éléphants et autres animaux en divagation est un véritable souci pour leurs activités chaque année. « Etant donné que nous ne sommes pas loin de la forêt classée, nous avons à chaque fois la visite des éléphants qui viennent ravager nos champs. A cette période de la saison, nos parents dorment dans les champs. Dans le mien même ils sont venus. Au moment des récoltes nous souffrons. », regrette Yao.
Ce problème se pose avec tellement d’acuité que la direction de l’Environnement de Boromo a mis en place un système de dédommagement des victimes des ravages des éléphants. Mais il y a des conditions. Les victimes des dégâts causés par les éléphants doivent avoir leurs champs hors de l’espace tampon, c’est-à-dire de la zone de passage de ces bêtes.
L’inquiétude des cultivateurs de Ouroubonon
L’autre difficulté de cette saison des pluies, période d’agriculture, c’est la rareté des pluies. Khou Yao, cultivateur, la trentaine, nous fait visiter son champ de sorgho de 4 hectares. Il informe que « la quantité d’eau de pluie tombée cette année est inférieure à celle de l’année dernière. Dans notre localité la pluie a commencé avec du retard. A cause de cela nous avons semé en retard. En plus, en cours de route il y a eu des poches de sécheresse d’intervalle d’une semaine ce qui séchait les cultures. Si nous gagnons encore 2 ou 3 pluies ça pourrait aider, mais même avec ça les récoltes ne seront pas comme celles de l’année dernière. », explique-il.
Tout comme Khou, Ilfo Yao est également agriculteur à Ouroubonon. Rencontré dans son champ d’arachide, il s’attèle à déterrer les derniers pieds d’arachides. Pour lui,cette pluviométrie a été favorable pour le haricot et l’arachide contrairement au mil et au coton qui ont un retard cette année.
« L’année passée à cette période, le mil était déjà prêt. Actuellement le mil, le petit mil et le coton ne sont pas bons, Pourtant l’année dernière, nous avons récolté le coton en Octobre. Cependant l’arachide et le haricot seront meilleurs cette année car ce sont des cultures qui n’aiment pas trop l’eau. », détaille le cultivateur partagé entre satisfaction et amertume.
Lueur d’espoir
Face aux inquiétudes des agricultures, le chef de service départemental de l’agriculture de la commune de Boromo, Seydou Zidwemba, rassure que les récoltes seront bonnes cette année. « Nous avons bon espoir que nous allons faire de bonnes récoltes cette année. Avec les dernières pluies que nous recevons actuellement, ces cultures qui ont été mises en retard sous terre vont pouvoir boucler leur cycle sans souci. », calcule-t-il. A l’en croire, pour cette saison agricole humide, il est attendu dans la Boucle du Mouhoun près de deux millions de tonnes de production.
Safiatou Zong-Naba (Collaboratrice)