Le Tour du Faso 2023 a connu son épilogue ce dimanche 05 novembre 2023 à Ouagadougou. Après dix étapes de suspense et de bravoure, c’est le Burkinabè Paul Daumont qui remporte le maillot jaune, au terme d’une course haletante et de suspens.
Saponé. Il est 7h45, quand le convoi qui conduit les équipes inscrites au Tour du Faso se gare sur la place du nouveau marché. Presque tous les coureurs qui ont pris part à l’étape de la veille sont là. Sauf un. Boureima Nana. La veille, le coureur de l’équipe régionale du Centre Burkina Faso a remporté l’avant-dernière étape du Tour du Faso. Mais, une chute après avoir franchi la ligne d’arrivée l’a contraint à abandonner. « Il n’y a rien de grave. Il a voulu mieux récupérer », rassure le médecin Ibrahim Séré.
Dans chaque QG, certains réparent peaufinent leur monture pour éviter une panne d’autres se concertent, certainement pour s’entendre sur les dernières consignes. Dans le camp des Étalons cyclistes, c’est une ambiance détendue. Paul Daumont visiblement serein, malgré la pression plaisante avec certains coéquipiers.
Autour d’anciens vainqueurs du Tour du Faso sont présents : Abdoul Wahab Sawadogo, Jérémie Ouédraogo, Mathias Sorgho, Abdoul Aziz Nikièma. Le directeur technique national (DTN) de la Fédération burkinabè de cyclisme, Martin Sawadogo, un talkie-walkie à la main, sillonne les trois équipes pour donner quelques consignes. Il tapote parfois certains cyclistes, comme s’ils voulaient les mettre en confiance avant le départ.
La méfiance de Paul Daumont
Au bord du goudron, la population est sortie pour admirer les cyclistes. Certains assis autour d’étable de café ou de kiosque observe avec admiration. Tous les regards sont tournés vers Paul Daumont, reconnaissable à sa tunique jaune. Ceux qui réussissent à se faire un passage profitent faire un selfie avec leur star.
Avec 28 secondes d’avance sur son concurrent immédiat, le Belge Wouters Rutger, au classement général du Tour du Faso, Paul Daumont est presque assuré de remporter le maillot jaune. En 2011, Hamidou Zideweiba l’avait remporté avec 3 secondes d’avance sur le Camerounais Martinien Tega et Harouna Ilboudo s’était imposé au Tour du Faso avec seulement une seconde d’avance sur le Français Vincent Graczyk.
Mais Paul Daumont ne crie pas victoire trop tôt. « On va attendre. On va parler de la victoire à l’arrivée. On a fait le plus dur mais le plus dur reste encore à venir. On s’attend à une grosse bagarre », prévient-il avec le large sourire qui lui colle au visage. Il s’agit aussi pour lui, de respecter ses adversaires.
Les Marocains mettent la pression
Puis, le directeur technique appelle pour une visite chez le chef de Saponé, question de prendre des bénédictions. Après une heure de retard, le départ est lancé. La caravane se dirige vers Ouagadougou.
Comme attendu, les Belges et les Marocains, dont les coureurs sont proches du maillot jaune, accélèrent. Les Burkinabè, avec Paul Daumont, veillent au grain. Le Belge Rutgers, le Marocain El Houcaine Sabbahi et Abou Sanogo franchissent en tête le premier sprint intermédiaire. L’écart est réduit.
Mais les Burkinabè ne sont pas vraiment inquiets. Les Camerounais, après avoir échoué à remporter une victoire d’étape, se concentrent sur les sprints intermédiaires. Ils remportent les deux derniers sprints. Mais à deux tours de la fin, les Marocains mettent un coup de pression. Paul Daumont réagit et accélère pour ne pas se laisser distancer.
Après un bout de temps, le speaker annonce : « je vois les coureurs arrivés. Le Cameroun. Le Maroc. Le Maroc. Victoire du Maroc ». Le Marocain Ed-Dogmhy franchi en premier la ligne d’arrivée. Le public retient son souffle. La délivrance vient du speaker du jour : « Est-ce qu’à ce moment, Paul Daumont est toujours maillot jaune ? », lance-t-il en laissant quelques secondes de suspens avant de lâcher : « Oui. Paul Daumont est maillot jaune ». Alors la foule exulte de joie. Certains courent vers Paul Daumont.
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Enfin. Le rêve devient réalité. Attendu comme vainqueur du Tour du Faso pendant les trois dernières éditions, Paul Daumont n’a pas su répondre aux espoirs placés en lui. Cette fois, il réalise son rêve. Il est submergé par les émotions. « C’est une grande libération. C’était un tour très long et très difficile. On a pris le maillot dès la première étape. C’était très dur de le conserver. Je suis très content d’avoir réussi ce défi avec mes coéquipiers », affirme Paul Daumont, visiblement fatigué.
Le chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, président de la Transition, lui enfile le maillot jaune de leader sous les ovations du public. Un cap est franchi. Mais Paul Daumont n’a pas encore fini d’écrire les pages de l’histoire du cyclisme burkinabè. Son objectif, s’attaquer à un niveau supérieur pour se faire un nom dans les plus prestigieuses compétitions d’Europe.
Boukari Ouédraogo