Pour préparer la relève du cyclisme burkinabè, le ministère des Sports, de la Jeunesse et de l’Emploi a mis une place des centres de formation de cyclisme dans certaines régions du Burkina Faso. L’équipe de Tenkodogo compte 25 pensionnaires dont l’un a remporté la compétition des centres de formation. Parmi les élèves, Sandrine, une jeune fille de 16 ans, qui rêve de suivre les traces de Paul Daumont et Mathias Sorgho.
Circuit du Tour du Faso 2023. Étape de Tenkodogo-Zorgho. Il reste quelques minutes avant que la caravane ne prenne le départ pour Zorgho, à 75 km de là. Les cyclistes s’échauffent donc en attendant le lancement de la course. A ce moment, un groupe de jeunes cyclistes, tous habillés en bleu et sur des vélos de course, des casques bien vissés, apparaît. Ils garent leur monture, puis se précipitent pour admirer les coureurs, tout excités.
Les commentaires vont bon train. Ces adolescents cherchent particulièrement à voir Paul Daumont, le leader au classement du maillot jaune. « Le voilà là-bas! Le voilà là-bas! », crient-ils. Paul Daumont leur accorde quelques photos souvenir, puis s’en va sur son vélo, souriant. La joie se lit sur les visages. Après Daumont, arrive un autre champion que les enfants connaissent bien. Mathias Sorgho. Il est de la localité. « Ça va ? Ça fait longtemps, hein. Vous allez bien ? », dit-il alors que les enfants s’attroupent autour de lui. Mathias Sorgho échange avec eux, leur prodigue des conseils puis s’en va à son tour.
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Ces enfants sont des stagiaires de l’école de cyclisme de la relève sportive instituée par le ministère des Sports, de la Jeunesse et de l’Emploi. Lors d’un séminaire international sur le sport organisé par ledit ministère, celui-ci a décidé de la mise en place d’équipes de la relève sportive dans chaque région du Burkina Faso. Chaque région devra choisir deux disciplines.
Au Centre-Est, le choix s’est porté sur le football et le cyclisme. Cette région est l’un des creusets du cyclisme burkinabè. Elle a produit plusieurs champions du cyclisme pour le Burkina Faso. Sandrine, 16 ans environ, est l’une des élèves de cette école de cyclisme. Elle l’a intégrée il y a 3 ans de cela. « Ils sont venus faire un recrutement dans notre école et j’ai été retenue », explique la jeune fille.
Sport populaire au Burkina Faso, le cyclisme féminin peine à se faire sa place. Ses parents auraient pu s’y opposer. Mais, ceux de Sandrine ont plutôt encouragé leur fille. « Oui, ils m’ont encouragée. Mon papa m’a dit que si ça me plaît, de le faire seulement », dit-elle, visiblement contente d’être là.
Sandrine tenait à voir, de près à quoi ressemble un circuit du Tour du Faso. « J’espère aussi qu’un jour, je vais aussi devenir une grande cycliste et remporter plusieurs trophées », espère Sandrine.
Des résultats encourageants
Cette équipe est entraînée depuis sa création par Diloma Soulama. À l’issue des tests, les 25 meilleurs ont été retenus pour intégrer l’école de cyclisme. « Pour ceux qui sont loin, le ministère a trouvé des logements pour eux », témoigne le technicien, enseignant d’éducation physique et sportive.
Pour le moment, les entraînements se déroulent deux fois par semaine. C’est insuffisant! Mais, lorsque l’occasion se présente, d’autres séances supplémentaires sont organisées pour aider les jeunes. « Au départ, c’était difficile. Mais maintenant, nous avons reçu du matériel. Voyez-vous-mêmes les vélos qui sont là. Ce sont de bons vélos et chacun possède son vélo d’entraînement », salue Diloma Soulama. Il espère un jour, sortir de grands champions.
Justement à ce niveau, l’équipe de cyclisme de la région du Centre-Est a pris part à la première édition du Tournoi de la relève sportive à Bobo-Dioulasso. Après trois ans de formation, les résultats sont prometteurs. « Nous avons remporté la première place chez les garçons sur une dizaine d’équipes qui étaient présentes. Vous voyez que ce sont de bons résultats ? Vraiment, on espère sortir des champions », se réjouit Diloma Soulama.
L’absence de compétition
Par contre, chez les filles, tout gêné, il reconnaît qu’il reste encore du travail à faire. La mise en place de cette école de cyclisme s’est faite avec la collaboration de la Fédération burkinabè de cyclisme. Le directeur technique national, Martin Sawadogo, a contribué à la détection, à la formation des encadreurs et même des pensionnaires du centre. Il a tenu à serrer ces jeunes qu’ils espèrent viendront remplacer plus tard la génération actuelle. « Il n’y a pas de secrets pour former des champions. Je l’ai toujours dit, ce n’est que par la base que nous pourrons préparer la relève du cyclisme burkinabè et former de grands champions », assure Martin Sawadogo.
Pour le moment, les jeunes pensionnaires du centre de la relève sportive de Tenkodogo manquent de compétitions. C’est aussi la préoccupation de la Fédération burkinabè de cyclisme. Elle espère mieux structurer le championnat national des jeunes pour permettre à ces apprentis d’avoir de la compétition et de réaliser leur rêve de devenir un jour de grands champions de cyclisme.
Boukari Ouédraogo