A Ouaga, sur les traces de Sankara (4/4). La statue en bronze du capitaine est devenue un lieu de pèlerinage pour les burkinabè et les étrangers.
Les temps ont bien changé. Le conseil de l’entente ne fait plus peur. Il y a encore quelques années, personne n’osait flâner en ces lieux, entre temps, quartier général du Régiment de sécurité présidentiel, l’ancienne garde prétorienne du président Blaise Compaoré.
Cet après-midi du 15 novembre, Abdoul Bancé, étudiant, regarde avec envie le livre « Thomas Sankara le rebelle », du journaliste malgache, Sennen Andriamirado, sous un arbre à l’entrée du conseil de l’entente. Des objets à l’effigie du leader de la révolution burkinabè y sont vendus. « Je voulais acheter le livre mais c’est cher pour l’étudiant que je suis. J’avais déjà vu le livre avec un ami, mais je n’avais pas terminé la lecture », dit Abdoul Bancé qui étudie le droit dans l’université qui porte le nom de son idole.
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Juste derrière le jeune étudiant trône une statue de 5 mètres en ronde bosse symbolisant le Capitaine Thomas Sankara entièrement réalisée en bronze. L’œuvre est montée sur un socle de trois mètres de haut en forme de pyramide, dont les côtés comportent chacun trois bustes des douze camarades fauchés avec le capitaine président.
Alors qu’un procès devant la Cour militaire tente d’élucider les conditions dans lesquelles est mort le capitaine, le jeune étudiant dit être venu en pèlerinage au Conseil de l’entente où il a été tué. « Je suis né et j’ai grandi en Côte d’ivoire. C’est après mon BAC que je suis venu au Burkina. Depuis que je suis enfant j’entends parler de Thomas Sankara, je suis venu aujourd’hui pour mieux le connaître et savoir comment il a été tué », raconte le visiteur. Karim Zabda, également étudiant à l’université Thomas Sankara, fait la visite commentée des lieux.
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Le site du mémorial Thomas Sankara attire des touristes de plusieurs nationalités. Mourad Khalidi, marocain en voyage d’affaires à Ouagadougou, avait inscrit la visite du mémorial dans son programme. Il se fait photographier en ces lieux chargés d’histoire. Quand il parle de Sankara, c’est avec enthousiasme et émotion. Ses yeux s’illuminent. « Il est dans nos cœurs. Dans les cœurs de tout le monde, des burkinabè et des africains. C’est une idole pour tout le monde, les vieux, les jeunes, les familles », confie-t-il.
Pour le touriste d’un soir, le président du Conseil national de la révolution est un guide pour les peuples africains. Il faut s’inspirer de ses idées. « Je sais que dans quelques civilisations, on a la réussite des peuples grâce à des leaders. Et des leaders, l’Afrique en a besoin… Thomas Sankara va rester pour l’éternité », clame-t-il, avec force.
Un site touristique en projet
Le site du mémorial Thomas Sankara draine du monde depuis son ouverture au grand public, le 1er juin 2020. Selon les données du Comité international, il enregistre environ 216 visiteurs par jour, devenant ainsi le premier site le plus visité de la ville de Ouagadougou et du Burkina Faso.
Le projet du mémorial Thomas Sankara est un complexe architectural qui devrait comprendre un mausolée, une maison des mémoires et un musée. Le coût global du projet est estimé à 35 milliards de F CFA, selon l’architecte Francis Kéré lors de la commémoration du 33e anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara et ses compagnons. Au centre du projet, une tour de 87 mètres qui dominera la capitale.
Tiga Cheick Sawadogo