Au Mali, les Assises nationales sur la refonte de l’Etat qui a rendu ses conclusions le 30 décembre demandent de reporter les élections « de six mois à cinq ans ». Interrogés sur cette proposition de prorogation de la transition au Mali, de jeunes Burkinabè estiment que « le Mali doit prendre tout son temps pour bien faire les choses et ne pas suivre l’exemple du Burkina Faso qui a tenu sa transition en une année avec les conséquences que l’on connaît ».
« Les participants se sont prononcés pour la prorogation de la transition afin de pouvoir réaliser les réformes institutionnelles structurantes, et par conséquent, permettre des élections crédibles, équitables et transparentes. Les délais avancés varient de six mois à cinq ans ». C’est l’une des principales recommandations des Assises nationales qui se sont achevées le jeudi 30 décembre à Bamako au Mali. Pour Théophile Ouédraogo, doctorant en sciences politiques à l’Université Thomas Sankara, « cette proposition des assises nationales ne fait pas du bien au processus démocratique au Mali mais elle se comprend aisément ».
Pour le jeune chercheur en effet, « même si la communauté internationale et tous ceux qui défendent les valeurs démocratiques seront déçus si cette proposition est validée, il faut laisser le Mali qui est un Etat souverain prendre son temps pour bien refonder son Etat ». En clair, Théophile pense qu’« il ne sert à rien pour le Mali de céder à la pression de la communauté internationale en tenant coûte que coûte sa transition en un temps record et se retrouver dans la même situation que le Burkina Faso où on n’a pas permis à la transition de toiletter les choses avant d’organiser les élections de 2015 avec les conséquences que l’on connaît ».
Les présidents élus n’ont pas pu trouver une solution
Gaston Sawadogo, journaliste au bimensuel burkinabè l’Évènement, n’en pense pas moins que Théophile Ouédraogo. Pour le jeune journaliste, « la raison principale qui motive la proposition de prolonger la transition de 6 mois à 5 ans est la question sécuritaire avec la moitié du pays qui est occupé par les groupes armés ». Et pour lui, « comme les différents présidents démocratiquement élus n’ont pas pu trouver une solution au problème est que cette incapacité s’est accompagnée de corruption et de mauvaise gestion des ressources publiques, cela fait qu’une grande partie de la population pense que la restauration de l’unicité du territoire et la victoire sur l’insécurité ne viendront pas des politiciens ». C’est pourquoi les Assises nationales proposent qu’on donne plus de temps à l’armée et à Assimi Goïta qui « a semé les germes de l’espoir à travers les réformes en cours sur les coopérations militaires au Mali ».
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Si Clément Combary, étudiant en année de master en finances-comptabilité estime aussi qu’une longue transition pourrait permettre au Mali de poser les bases d’une bonne refonte de son Etat, le jeune homme craint que des révoltes diverses ne surviennent durant cette période. Le risque le plus grand pour lui « c’est que la transition soit interrompue par un coup d’état comme cela a failli être le cas au Burkina Faso. Il est important que le président puisse définir les axes stratégiques sur lesquels il va compter pour non seulement protéger le peuple malien et maitriser les éventuelles tensions qui pourraient naître d’une transition prolongée ». Il reste donc au colonel Assimi Goïta selon les jeunes interrogés, « de pouvoir relever les défis de son pays sans tomber dans les pièges du pouvoir ».