Le musée national du Burkina Faso, malgré ses 60 ans d’existence, peine à attirer les visiteurs. Malgré sa collection de près 14 000 objets relatifs à l’histoire et à la culture du pays, il reste méconnu ou ignoré du public. Un manque d’engouement qui s’expliquerait, peut-être, par une question d’habitude.
Quartier Dassasgho, côté est de la ville de Ouagadougou, il est 10h. Au bout du boulevard Thomas Sankara (anciennement Boulevard Charles de Gaulle), à un jet de pierre de la pédiatrie Charles de Gaulle, se dresse un édifice bâti sur plus de 29 hectares : c’est le Musée national. En cette matinée du 30 novembre, c’est le dernier jour des Journées portes ouvertes organisées par l’institution pour se faire mieux connaitre. Pas grand monde dans l’enceinte de l’institution. Néanmoins, ce matin, le directeur des expositions et de la médiation du musée, Sinaly Djibo, conduit quelques visiteurs dans la salle d’exposition.
Sinaly Djibo ne nie pas le manque d’engouement au sein du Musée national. « Le public national ne vient pas toujours en nombre élevé pour visiter les musées, c’est toute une culture. C’est certainement parce que nous n’avons pas été habitués à aller dans les musées », suppose Sinaly Djibo. L’organisation de ces portes ouvertes vise justement à s’ouvrir davantage au public. Mais depuis trois jours, la mobilisation est en deçà des attentes.
Une fréquentation en hausse
Fatah Sanogo, étudiant est pourtant là depuis ces trois journées de portes ouvertes. Le jeune a pu constater le manque d’engouement à sa grande surprise. « Moi, ça m’a un peu écœuré parce que c’est le musée national après tout et qui dit le musée national parle des valeurs culturelles du pays. Et quand il y a ce genre d’activité et qu’il n’y a pas d’engouement, on se pose vraiment beaucoup de questions », regrette-t-il.
Malgré tout, Sinaly Djibo se félicite d’une certaine amélioration ces dernières années. Selon les statistiques fournies par le Musée national, le nombre de visiteurs est passé de 10 335 en 2022 à 14 228 personnes en 2023. Une hausse qui, selon lui, trouve son explication dans les actions de communication.
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Si l’institution reste encore peu connue, ce n’est pas faute d’avoir de quoi proposer au public. Le musée national possède une collection d’objets culturels estimée à environ 14 000 objets selon les responsables. Pour susciter l’engouement des expositions ont lieu de façon périodique en fonction d’un thème.
Dans ce cas, depuis le 28 novembre, le thème retenu est celui de la chefferie traditionnelle au Burkina Faso. Dans la salle d’exposition, boubous, trônes, fétiches, sculptures de guerriers, ornements et bien d’autres objets sont étalés de part et d’autre. Selon le guide des lieux, chaque objet a une signification particulière.
Des trésors culturels ignorés
« Lorsque vous arrivez, on n’a pas besoin de vous dire que c’est le chef. Vous-même, vous allez pouvoir le détecter à travers son habillement. Parce que son habillement est particulier comparé aux autres. Son habillement doit être caractéristique, il est le mieux habillé », révèle le guide Youssouf Traoré. Bien que distincts en fonction de la région d’origine, tous ces objets symbolisent le pouvoir selon les coutumes, poursuit-il.
Mahamadou Sogné, étudiant, est en visite par hasard au Musée national. Il se dit surpris de découvrir autant d’objets culturels. « Franchement, moi-même je ne croyais pas, je ne pouvais pas imaginer qu’il y avait tout ça ici », dit-il enthousiaste.
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« On ne peut pas avoir des choses comme ça ici et on n’est même pas au courant. Le musée doit faire plus de publicité », laisse-t-il entendre, faisant allusion à une insuffisance de communication sur les potentialités du musée national. Les responsables du musée national en ont fait une préoccupation. Des initiatives seront entreprises pour attirer davantage de visiteurs et faire connaître la richesse culturelle du pays.
Des initiatives sont prévues pour que le Musée national soit aussi visité comme le site des sculptures sur granit de Laongo ou les cascades de Banfora, qui font partie des sites touristiques les plus visités du pays.
Ismaël Drabo (Stagiaire)