La planète va mal, la région du Sahel encore plus. Les effets du dérèglement climatique sont ressentis par les populations du Burkina, du Mali et du Niger. Inondations, sécheresses, migrations climatiques, avancée du désert… A la veille de la Cop 28 et à la faveur de l’opération Sahel, les trois médias de la Fondation Hirondelle au Sahel (Studio Yafa- Burkina Faso, Studio Tamani-Mali et Studio Kalangou-Niger), ont posé le débat sur les réponses à apporter aux changements climatiques. Cette Coproduction qui a réuni autour du plateau des spécialistes et jeunes activistes sur le climat a eu lieu à Bobo Dioulasso, deuxième ville du Burkina.
Burkina-Mali-Niger : Même zone climatique, même galère, constate d’entrée de jeu le Commandant Nazé Abdoulaye Konaté de la Direction régionale de l’environnement des Hauts Bassins dont la capitale est Bobo Dioulasso. Selon l’invité, les trois pays du Sahel à cause du dérèglement climatique connaissent de façon récurrente des inondations, la sécheresse avec comme conséquences la baisse de la productivité agricole et la famine. Pourtant, c’est la principale activité des populations de ces pays.
L’élevage également en pâtit, poursuit-il, avec la rareté des ressources fourragères, les pertes énormes du cheptel et l’apparition de nouvelles maladies. La pêche n’y échappe pas non plus. « Quand il y a inondation les eaux décapent le sol », note le Commandant Nazé Abdoulaye Konaté.
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David N’Golo Coulibaly de la Coordination nationale des jeunes pour l’environnement et le climat (CONAJEC) acquiesce. « Les conséquences sont sans équivoque. Les zones de pâture sont en voie de disparition, ce qui amène des déplacements ou migrations climatiques, ce qui occasionne les conflits agriculteur-éleveurs ».
La présentatrice, Mariam Coulibaly de Studio Tamani-Mali, demande à Risnata Ouédraogo ce qui pourrait expliquer le dérèglement climatique. La déléguée nationale à la Cop, négociatrice junior pour le climat évoque entre autres les émissions de gaz à effet de serre favorisées par le méthane émis par les déjections d’animaux, les mauvaises pratiques agricoles, l’utilisation abusive des pesticides.
Florence Somé, de l’association Mère nature renchérit. L’action de l’homme y est pour beaucoup dans le changement du climat, avec ses mauvaises pratiques.
Quel poids face aux grands pollueurs ?
Les invités semblent être sur la même longueur d’onde. La situation est dramatique et l’homme contribue à la dégradation de son milieu de vie. Mariam Coulibaly les invite alors à proposer des pistes de résilience. Avant de répondre, le Commandant Nazé Abdoulaye Konaté de la Direction régionale de l’environnement des Hauts Bassins attire encore l’attention des populations du Burkina, du Mali et du Niger. « La situation va de mal en pis et interpelle tout un chacun sur sa manière de vivre. Si on ne change pas on va tout droit au chaos », insiste l’invité.
Du coup, la déléguée nationale à la Cop, négociatrice junior pour le climat, soutient que la participation des trois pays du Sahel à la Cop28 est « cruciale ». « Ils pourront aborder des questions en lien avec la transition énergétique. Les énergies renouvelables permettent de réduire un tant soit peu les effets du changement climatique, et de pallier l’absence d’électrification dans certaines zones. Ça sera également pour ces pays qui dépendent de l’agriculture pour trouver des solutions », note Risnata Ouédraogo.
En attendant le financement…
Mieux, la jeune invitée explique que cette rencontre internationale sera une fois de plus l’occasion pour interpeller les grands pollueurs sur leur responsabilité et plaider pour l’accès au financement.
Que peuvent les trois pays du Sahel face aux grands pollueurs à la Cop 28 ? Ne vont-ils pas encore faire de la figuration ? Lance Mariam Coulibaly à Florence Somé de Mère Nature. Absolument pas, répond la jeune activiste. Par contre pour elle, c’est l’après Cop 28 qui est plus important. Il faut mettre en œuvre les engagements.
Les invités ont tous regretté l’absence de financement qui empêche de mener des actions de conservation de la biodiversité et d’adaptation des populations. « Sans financement, les actions sont compromises », résume David N’Golo Coulibaly de la Coordination nationale des jeunes pour l’environnement et le climat.
Mais, il ne faut pas attendre le financement pour agir, semble lui rétorquer Florence Somé. Elle explique qu’à l’association Mère Nature, malgré la rareté des ressources, les actions sont orientées vers l’éducation des enfants sur la préservation de l’environnement, les campagnes de reboisement et l’organisation de débat sur le climat.
L’intégralité du débat:
Tiga Cheick Sawadogo