Deux actes notables, cette année, autour de la commémoration du 13 décembre, date de l’assassinat du journaliste d’investigation burkinabè Norbert Zongo en plus des traditionnels dépôts de gerbes de fleurs au cimetière et panels.
Acte I : un buste représentant Norbert Zongo a été dévoilé au Centre national de presse du même nom, dans le quartier Gounghin de Ouagadougou, juste à l’entrée pour accueillir les visiteurs, selon les initiateurs du projet.
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Acte II : des manifestants se réclamant de la Coordination des Organisations de la société civile (OSC) se sont rassemblés devant l’ambassade de France dans le quartier Koulouba de la capitale, pour transmettre une correspondance adressée au président français, Emmanuel Macron. Dans cette lettre, la Coordination des OSC « exige l’extradition de François Compaoré dans les plus brefs délais ». Sur place à l’ambassade devant au moins un millier de personnes, selon plusieurs médias, le contenu de la lettre a été dévoilé avant d’être remis aux bons soins de représentants de l’Ambassade.
François Compaoré en exil en France depuis le lendemain de l’Insurrection population de 2014 qui a mis à la porte de la présidence son frère président, est mis à l’index comme le principal commanditaire de ce qui est convenu d’être appelé l’assassinat des occupants de la Toyota Land Cruiser de type 4 x 4 immatriculé 11 J 6485 BF, le 13 décembre 1998 sur l’axe routier Ouagadougou (province du Kadiogo) – Sapouy (province du Ziro).
Le niveau auquel est le dossier à ce jour
Il avait été interpellé le 29 octobre 2017 à l’aéroport français de Roissy après l’émission par Ouagadougou d’un mandat d’arrêt. Suite à cela, le Burkina Faso a demandé son extradition. Après plusieurs soubresauts, la France a pris, le 21 février 2020 un décret d’extradition. Mais le processus a été bloqué par une saisie, par François Compaoré, de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), avec comme arguments que son extradition entraînerait des conséquences d’une gravité exceptionnelle sur sa sécurité et son intégrité physique, et violerait l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme (« nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements inhumains ou dégradants »). Au final, la cour a relevé que le Burkina Faso a enregistré deux coups d’État militaires avec pour conséquences qu’« il n’existe plus en l’espèce les mêmes éléments permettant de s’assurer […] de la fiabilité des assurances fournies par le Burkina Faso par le passé et sur lesquelles les autorités internes se sont exclusivement fondées pour motiver leurs décisions accordant l’extradition du requérant ».
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En 2023, cela fait 25 ans que le journaliste d’investigation, Norbert Zongo, et ses compagnons d’infortune dont son jeune frère, et deux autres Blaise Ilboudo, et Ablassé Nikiéma ont été découverts morts. L’après-midi de 13 décembre 1998, un véhicule encore en fumée est retrouvé sur la route nationale 6, près de Sapouy, dans le sud du Burkina Faso. Et aucun signe ne conduisait vers la thèse d’un accident de la circulation. La découverte du quatrième corps, avec des douilles à côté a permis d’orienter les enquêteurs sur la piste d’éventuels criminels. 25 ans après, la Justice se fait toujours attendre pour élucider cette découverte macabre qui à défaut d’avoir mis le feu au pays, l’a secoué jusqu’à son sommet.
Boureima Dembélé