Pour de nombreux jeunes, le réseau social Facebook est une addiction. Impossible de s’en passer, même en l’espace d’une journée. Espace de communication, de divertissement ou de business, ce canal fait partie intégrante de leur vie. Le 28 février est la journée mondiale sans Facebook, pour lutter contre la cyberdépendance. Des jeunes internautes burkinabè confessent leur dépendance.
Une journée sans Facebook ? Impossible, inimaginable pour Farida Tiemtoré, étudiante et bloggeuse. La jeune fille le reconnaît, la main sur le cœur : Facebook est une addition pour elle. La journée commence par Facebook et se termine par Facebook. « Quand je me lève le matin, la première chose à faire, c’est de jeter un coup d’œil sur mes réseaux sociaux (…) En tant qu’activiste, chaque trois heures, il faut produire du contenu et poster sur Facebook », dit-elle.
Poster, Liker, commenter. Ce sont des actions que posent chaque jour Esther Barro, plus connue sous l’appellation Esthy Barro sur les réseaux sociaux. Entrepreneure, la jeune fille se sert de cette plateforme pour vendre des articles, se divertir, se former, faire des offres. Alors passer une journée sans se connecter, elle n’y pense même pas. Pis, elle pense qu’elle en tomberait malade.
« Facebook et moi, si ce n’est pas que je suis très malade ou que je dors, je suis permanemment connectée. C’est très difficile de respecter cette journée en se privant de Facebook. Une ou deux heures sans Facebook, c’est vraiment compliqué. C’est comme un virus », précise la jeune fille, avec le sourire en coin. C’est un outil de travail, ajoute-t-elle la jeune fille.
Pour être branché
Pour traduire le degré de son addiction, Esthy rappelle que quand elle travaillait en entreprise, elle a dû retirer de sa liste d’amis certains de ses collaborateurs qui lui faisaient le reproche d’une grande présence sur les réseaux sociaux. Devenue sa propre patronne, elle s’en donne à cœur joie.
Arthur Daboné, étudiant, ressent un manque quand il n’est pas sur Facebook. Quand il y a un buzz sur Facebook et qu’il n’est pas au courant ou ne participe pas, c’est comme s’il n’était « pas à la page », commente-t-il tout en ajoutant qu’il se lève souvent tard dans la nuit « juste pour consulter son fil d’actualité pour voir ce qui se passe ».
Viviane Gouba, est une jeune fille responsable d’un cabinet en conseil communication numérique. Elle est également présente sur Facebook, mais précise qu’elle a dû lever le pied quand elle sentait une trop grande dépendance du réseau social. Aidée par la perte de son téléphone, elle en a profité pour guérir de son addiction.
S’imposer une rigueur
« J’étais en train de devenir accro. Entre temps, j’ai perdu mes deux téléphones. Je me suis retrouvé sans Facebook, alors qu’on était habitué à me voir connecter du matin au soir. C’était le déclic(…) », explique-t-elle. Volontairement, elle dit être capable de se déconnecter de Facebook pendant un mois. Pour y arriver, il faut préparer l’esprit, conseille-t-elle.
Avec cette expérience, elle tire une conclusion : sans Facebook, elle se concentre mieux sur autre chose et le travail avance plus rapidement. « Quand on est connectés, on a des messages, des commentaires auxquels il faut répondre, des tags, des notifications », remarque la jeune fille.
Le 28 février doit permettre à ceux qui sont accros à Facebook de revenir sur terre, commente pour sa part Arthur Daboné. Savoir que la vie virtuelle est différente de la réalité. Elle nous rapproche de ceux qui sont loin, mais nous éloigne de ceux qui sont proche, estime le jeune. « On peut passer facilement une année sans voir certains amis, parce qu’on a des nouvelles à travers les réseaux. Chaque matin on poste des photos, on sait qu’un tel va bien. Cela nous éloigne des proches et c’est l’inconvénient majeur », renchérit Esthy Barro.
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Farida Tiemtoré ne se déconnectera pas de Facebook ce 28 février. Elle n’en sera pas capable, dit-elle. Par contre, pour marquer la journée, elle compte passer deux à trois heures totalement déconnectée. El là, aussi, elle ne donne pas de garantie.
Toute la journée du 28 février sans se connecter à Facebook est un défi que se sont lancés des utilisateurs de ce réseau social en 2011. L’intérêt étant de lutter contre la cyberdépendance.
Tiga Cheick Sawadogo