Une goutte d’eau qui tombe directement au pied de la plante à l’aide de goutteurs sur des tuyaux. Ce système d’irrigation appelé ‘’goutte à goutte’’, est de plus en plus utilisé au Burkina. Pour les utilisateurs, les avantages sont multiples surtout pour les pays sahéliens comme le Burkina. Mais il n’est pas toujours à la portée du plus grand nombre.
Des plants de tomates nouvellement repiqués s’étendent sur une superficie d’un hectare. A l’entrée de cette ferme située à Koakin, située à une vingtaine de km de Ouagadougou dans la région du Centre-sud, le visiteur curieux ne peut s’empêcher de marquer un arrêt. Pas forcément pour contempler les jeunes plants, mais pour regarder le dispositif qui d’arrosage. De longs tuyaux qui passent aux pieds des plants et desquels sortent de petites gouttes d’eau à intervalle régulier. C’est cela le goutte à goutte.
L’ouvrier qui s’occupe du terrain regarde le dispositif avec une certaine satisfaction. Il n’a désormais qu’à ouvrir les vannes pour que ses plantes reçoivent le liquide précieux. Pas besoin de faire des allers et retours entre le bassin et les différentes allées des planches. Les arrosoirs sont presqu’un lointain souvenir, et il ne s’en plaint pas.
« Arroser à la main, c’est vraiment difficile, par contre avec le goutte à goutte, ça avance plus rapidement. Ce système nous facilite la tâche. Le matin, on ouvre simplement pendant une heure, et on coupe après. Ainsi de suite », explique Casimir Sountongnoma Sam.
Un système moins fatiguant
Le jeune homme de 27 ans fait ses premières expériences du ‘’goutte à goutte’’ dans cette ferme. Jadis jardinier à Kokolgho, il connait bien l’arrosage à la main. « Le soir quand je rentrais pour dormir même ce n’était pas simple. J’avais mal partout. Ma poitrine, mes muscles faisaient mal. Le goutte à goutte c’est facile », compare-t-il.
Dans un autre village pas loin de là, à Kolgho, un autre jardinier dans une ferme cultive ses plants d’aubergine, de tomates et de maïs par la technique d’irrigation goutte à goutte. Raphael Sampébgo estime que c’est un système qui facilite son travail au quotidien. « L’eau arrive directement au pied de la plante. Quand c’est avec un arrosoir, l’eau est éparpillée. Mais avec ce système, on sent que la plante a bonne allure et donne bien des fruits », soutient-il.
Un apport localisé d’eau
Selon Wendkouni Jean-Baptiste Djiré, technicien agronome, le système d’irrigation ‘’goutte à goutte’’ consiste à apporter de l’eau de façon localisée à une plante. Pour ce faire, il y a des tubes préfabriqués avec des goutteurs intégrés. « On sait combien de gouttes peuvent sortir par heure. En fonction de la production, on sait combien de temps il faut ouvrir. On peut même automatiser en intégrant un programmeur. Et si tu n’es pas là, ça s’ouvre seul au moment voulu », explique Jean-Baptiste.
Pour le jeune agronome, les avantages de ce système sont multiples. « Il facilite le travail, le travail de sarclage diminue, les mauvaises d’herbes ne poussent plus partout. On peut même intégrer les engrais liquides dans l’eau. Pas besoin de se promener pour donner de l’engrais à la plante. Ça réduit les dépenses », ajoute-t-il.
En plus, il note que ce système permet d’éviter les pertes d’eau et pallier la raréfaction de la ressource eau surtout dans les pays sahéliens comme le Burkina.
Un système pas à la portée de tous
Avantageux. Pratique. Les utilisateurs de ce système d’irrigation ne tarissent pas d’éloges sur le ‘’goutte à goutte’’. Mais le hic, il n’est pas à la portée de tous. Ne l’utilise pas qui veut, mais qui a la bourse pleine. « C’est assez couteux. Les producteurs veulent, mais c’est difficile pour eux. Il n’y a pas de politique agricole pour faciliter l’accès de ce système aux agriculteurs », constate l’agronome Djiré.
Par exemple, sur une superficie de 500m2, le kit s’élève à 160 000 pour le kit pour des frais d’installation pouvant frôler les 700 000 FCFA, selon des techniciens. En plus de cela, pour installer le dispositif, il faut d’abord disposer d’un forage et d’un poly tank déposé à 7 m de hauteur.
Alors que les barrages s’assèchent quelques mois après la saison des pluies qui elles aussi sont rares et mal reparties, c’est un système qui peut faciliter les productions agricoles. Selon le jeune agronome M. Djiré, le goutte à goutte peut être utilisé pour les légumes, mais aussi pour les céréales et les agrumes. Il plaide pour la subvention des matériaux afin de faciliter l’accès de la technique au plus grand nombre.