Des militaires radiés de 2011 toquent encore à la porte de l’armée. Alors que le Président du Faso par décret a lancé un ordre de mobilisation des anciens militaires nouvellement admis à la retraite, ceux qui ont été radiés il y a une dizaine d’années estiment être à même de soutenir les nouvelles autorités dans la lutte contre l’insécurité.
Le 4 février dernier, un groupe de militaires et de policiers radiés marquait sa disponibilité à accompagner les nouvelles autorités dans la lutte contre le terrorisme. Pour ce faire, les membres du groupe souhaitaient être réintégrés dans les rangs. Ils plaidaient aussi pour le rappel des militaires valides nouvellement admis à la retraite.
Plus d’un mois après, le Président du Faso dans un décret a lancé, pour les besoins de la nation, un ordre de mobilisation des anciens militaires. «Cette mobilisation concerne les militaires des catégories sous-officiers et militaires du rang admis à la retraite au cours des années 2019, 2020 et 2021 », précise l’article 2 du décret signé par le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba.
Cette annonce réjouit partiellement Thiéba Farma, ancien Sergent de l’armée. «On aurait aimé que le décret prenne en compte les soldats surtout qui sont allés à la retraite depuis 2015. Ce décret va concerner majoritairement des adjudants-chefs major et des adjudants-chefs. Ça va vraiment m’étonner que les autorités puissent avoir une cinquantaine de soldats qui sont allés à la retraite durant ces trois dernières années », dit-il.
Priorité aux jeunes
Ancien porte-parole des militaires radiés, Hervé Tapsoba lui également estime que le décret va concerner davantage des militaires qui sont en âge avancé. « Si vous prenez les écarts d’âge, pour quelqu’un qui est admis à la retraite après 25, 30 ans voir plus, comparativement à d’’autres qui sont partis à moins de deux ans de service, trois ans…», disserte l’ancien militaire.
Pour lui, des militaires radiés sont encore plus jeunes et plus dynamiques que des militaires admis à la retraite et épuisés pour certains. « La jeunesse est plus concernée dans cette lutte qui se passe sur le terrain. La stratégie elle, est élaborée au plus haut niveau, mais le combat, c’est sur le terrain », ajoute Hervé pour qui l’âge joue sur le rendement.
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Après 27 ans de service, l’ancien Sergent-chef Valentin Ouédraogo été radié des rangs de l’armée après la mutinerie de 2011. Il dit ne pas comprendre la démarche des nouvelles autorités . Pour lui, le chef de l’Etat devrait sonner la mobilisation des militaires autrement.
« Pour une cause nationale, vous n’avez pas besoin de sortir un décret pour dire que vous avez besoin de ceux qui sont allés à la retraite depuis 3 ans. Parmi les VDP (ndlr. Volontaires pour la défense de la patrie), il y a des gens qui ont plus de 58 ans, mais qui se battent. Cette affaire est très simple, militaires, gendarmes, policiers à la retraite quelle que soit l’année, j’ai besoin de vous à tel camp militaire », soutient Valentin Ouédraogo.
Prêts à se battre
En attendant, ces militaires radiés n’oublient pas leur doléance qu’ils soumettent aux différents gouvernements depuis 2014. « Personnellement, je suis apte à repartir », clame Hervé Tapsoba. Valentin Ouédraogo sent le poids de l’âge, mais soutient que son expérience sur les terrains de combat peut servir. Pour cela, il se dit prêt à encadrer les plus jeunes.
Depuis l’avènement des nouvelles autorités à la suite du coup d’Etat du 24 janvier, Thiéba Farma et ses camarades disent avoir essayé de nouer le contact. « La semaine dernière, nous avons déposé une demande d’audience pour rencontrer le chef de l’Etat. Nous avons croisé certains membres du régime et des sages. La décision leur revient », explique-t-il.
Lui et ses camarades marquent leur disponibilité à s’engager dans la lutte contre le terrorisme, mais estiment qu’il y a des préalables. « Nous ne pouvons pas nous lever et prendre des armes pour aller au front. C’est un décret qui nous a fait partir. Nous attendons des autorités qu’un décret soit pris dans ce sens parce qu’il n’est plus temps d’attendre » a-t-il laissé entendre.
Près d’un demi-millier de policiers, gendarmes et de militaires ont été radiés suite aux mutineries de 2011.
Tiga Cheick Sawadogo