Chaque cuisinier a un secret pour donner un bon goût à ses repas. Certains font recours à des concentrés d’assaisonnement industriel ou cube d’assaisonnement. Un ingrédient selon eux qui renforce l’odeur et la saveur. Si pour la plupart des consommateurs les bouillons cubes sont moins chers et rendent les plats appétissants, pour d’autres c’est sources de maladies. Les spécialistes de santé préconisent la modération.
Nafi est une restauratrice qui utilise les bouillons cubes depuis plus de 4 ans pour la préparation des plats qu’elle propose à ses clients. Dans les sauces de riz, donkounou ou le babenda, elle ajoute ce petit secret qui selon elle, a l’avantage de rehausser le goût.
Il est 16h00 au restaurant de la jeune dame située au quartier Zogona de la ville de Ouagadougou. A cette heure, elle a fini sa vente de la journée et fait le ménage avant la fermeture. Tantôt interrompue par les appels des clients et des passants, elle affirme que l’utilisation des bouillons cube est entrée dans ses habitudes de cuisson.
« Tu veux préparer peut-être un demi-sac de riz, est-ce que les gens vont pouvoir manger ? Quand on a commencé les gens ont dit nous, on veut maggi, d’autres qu’ils n’en veulent pas. On a fait deux sauces. Sans cube et avec le cube. Mais ceux qui viennent dire qu’ils ne veulent pas cube là, ils mangent maintenant parce que quand on leur sert, ils ne terminent pas la nourriture» , explique la restauratrice.
Comme elle, beaucoup de personnes affirment consommer les bouillons cubes parce que, disent-elles, ils sont moins chers sur le marché par rapport aux ingrédients dits naturels tels que le soumbala. Quand on évoque les risques sanitaires que la consommation de cubes pourrait engendrer, ils rétorquent que cela n’est que supposition.
Pas vraiment le choix
Mamata Congo, elle, reconnait avoir déjà entendu parler des maladies liées aux cubes, mais se défend de façon imagée : « on dit que si tu n’as pas la force du voleur il faut porter son butin et l’accompagner ». Selon elle, sans les cubes, les repas seront fades. « Si on avait les moyens on allait laisser », poursuit Mamata, assise devant sa marchandise d’aliments pour bétail. Il ajoute qu’avec un cube, elle peut préparer deux fois, contrairement au soumbala qui permet certes d’assaisonner les repas de façon naturelle, mais revient plus cher.
Des risques liés à la consommation du cube de bouillon ? Nafi n’y croit absolument pas. Pour cette jeune dame, c’est une vue de l’esprit. « Je suis née trouvé mes parents mettre cela dans les plats. Moi-même je suis dedans aussi. Cube là on dit il y a conséquences, mais moi-même en tout cas là je n’ai pas encore vu. Puisque je suis née dans maggi grandi dans maggi. Quand tu mets au début n’y a pas de problèmes. Chez les hommes on dit que ça rend impuissant. Si toi-même tu étais impuissant avant il ne faut pas accuser maggi », déclare Nafi dans un éclat de rire.
Commerçant de tissu dans un marché de la capitale, Madi Bougma n’est certainement pas d’accord avec Nafi. Il est persuadé que le cube contribue à rendre un homme impuissant. Et pour éviter tout risque, il affirme avoir mis un trait sur les cubes depuis quelques années.
Nutritionniste, Sylvain Ouédraogo rappelle que le principal danger du bouillon est lié à son pourcentage élevé de sel. En plus de cela, certains additifs alimentaires, colorants conservateurs ou le glutamate sont nuisibles pour la santé.
« Les bouillons cubes ont un effet néfaste sur la santé effectivement » , insiste le nutritionniste qui rappelle que selon l’Organisation Mondiale de la Santé, il est conseillé d’utiliser 5g de sel par personne et par jour, pourtant une tablette de 10g de bouillon cube est constituée de plus de la moitié par du sel. Sans interdire formellement, Sylvain Ouédraogo préconise une consommation des produits naturels d’assaisonnement. Mais pour ceux qui veulent consommer les bouillons, il conseille la modération.
Géraldine Bouda et Aminata Ouédraogo (Stagiaires)