Ils sont venus de loin, parfois de plusieurs centaines de kilomètres, pour soutenir les Etalons du Burkina Faso. Dans une atmosphère festive et fraternelle, les supporters des Etalons affichent leur amour pour leur équipe nationale, qui peut déjà prendre une bonne avance pour la qualification en huitième de finale de la CAN Côte d’Ivoire 2023.
C’est jour de match au Stade de la Paix de Bouaké! Il est presque 10 heures ce mardi 16 janvier 2024 et l’ambiance est déjà électrique. Sur le trottoir d’en face, deux commerçants se taquinent gentiment. Lamine, le boutiquier mauritanien, et Souleymane, le tenancier du salon de beauté, sont voisins depuis des années. Mais aujourd’hui, ils sont rivaux.
Leurs pays respectifs, la Mauritanie et le Burkina Faso, s’affrontent dans quelques heures pour la Coupe d’Afrique des Nations. Devant leurs ateliers, les drapeaux des deux équipes flottent fièrement, attirant les regards des passants. Les deux amis portent également les couleurs de leur patrie, rouge et vert pour Lamine, rouge et le maillot blanc aux couleurs du Burkina Faso pour Souleymane.
« On se connaît bien, lui et moi. On s’entend toujours bien. Mais pour ce match, chacun est derrière son pays », déclare Souleymane avec un sourire. Il est confiant dans la victoire des Etalons. « Non. Ce n’est pas vrai. C’est la Mauritanie qui va gagner », rétorque Lamine, sans se vexer car le fair-play règne entre eux.
Un peu plus loin, à l’entrée principale du stade, un groupe de supporters se presse pour accéder aux gradins. Adama Kouraogo vient de décrocher le précieux sésame : son billet pour le match. Il respire un grand coup, soulagé. Adama a fait le voyage depuis Bondoukou, six heures de route, pour rejoindre Bouaké. Il n’a pas ménagé ses efforts pour trouver un ticket. « C’était vraiment dur. Depuis hier, on cherchait partout. Mais ça y est, je l’ai. Je vais pouvoir entrer au stade et encourager les Étalons », raconte-t-il, les yeux brillants. Il n’est pas venu seul.
À ses côtés, il y a Hama, un Malien. Ils se sont rencontrés sur la route et ont sympathisé. Ensemble, ils vont supporter le Burkina Faso. « Il est devenu mon ami. Alors, je l’accompagne. Le Mali et le Burkina Faso, c’est presque pareil, non ? On est ensemble, on est frères », explique Hama, affichant un large sourire. Puis, les deux hommes se dirigent vers le stade.
Plus les minutes passent, plus les supporters affluent. Ils sont en majorité Burkinabè. Ils viennent de partout, de la Côte d’Ivoire ou du Burkina Faso, pour soutenir leur équipe. Un groupe, bien canalisé par le service de sécurité très rigoureux, se fraie un passage. Ils sont venus à l’avance pour éviter les bousculades. Ils ont des maillots, des écharpes, des chapeaux ou des drapeaux. D’autres ont peint leur visage.
On reconnaît facilement les supporters burkinabè. Parmi eux, il y a Ibrahim Ouédraogo. Il a quitté Diégonéfla, à environ 225 km de Bouaké, pour assister au match. Il n’a pas hésité à parcourir cette distance pour montrer son amour pour son pays. « Où que soient les Etalons, nous sommes avec eux, parce que c’est le pays », affirme-t-il avec assurance et fierté. Il est suivi par ses compagnons, qui applaudissent et scandent le nom de leur équipe.
Un peu plus loin, on aperçoit un homme avec un chapeau de clown sur la tête. Il porte un large boubou aux couleurs du Burkina Faso. C’est Alassane, il est venu de Soubré, 360 km de Bouaké, pour supporter les Etalons. Il n’a pas l’habitude de voir les matchs de son équipe nationale. Mais cette année, il a profité de la CAN qui se déroule en Côte d’Ivoire, où il vit depuis plusieurs années, pour faire l’effort de venir encourager Bertrand Traoré et ses coéquipiers. « Nous savons que les Etalons sont capables de battre n’importe quel adversaire. Mais on devait faire ces 300 km pour les soutenir, pour qu’ils puissent gagner. Cette année, c’est la Coupe ou rien!», espère Alassane.
Tout se joue aujourd’hui, face à la Mauritanie, ce mardi 16 janvier 2024. L’Algérie, l’autre favori du groupe, a fait match nul (1-1) contre l’Angola. Le Burkina Faso a donc une chance de se qualifier pour les quarts de finale. Mais il faudra d’abord battre la Mauritanie.
Boukari Ouédraogo
Envoyé spécial