L’école de Toudbweogo à la périphérie nord de la ville de Ouagadougou est envahie par un marché. Depuis plus d’une dizaine d’années, les élèves côtoient les clients du marché et supportent le bruit.
14h55 à l’école Toudbweogo. Les élèves se bousculent dans les différentes salles de classes de cet établissement grand comme quatre terrains de football. Quatre bâtiments dont les constructions semblent anciennes par la typologie se dressent. Les rires, les cris sont mêlés à ceux d’autres élèves qui apprennent à haute voix leurs leçons.
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A côté, de nombreux parasoleils sous lesquels sont installés des vendeurs de différents articles. Aucune clôture n’entoure l’établissement. Des jeunes à motos ou à vélo traversent l’école. Mais de gros pneus délimitent le terrain de sport de l’établissement. Ces pneus semblent freiner l’avancée su marché.
« Ce n’est pas normal »
La classe du Cours moyen 2 et le marché se font face à face. Juste une dizaine de mètres les sépare. Le directeur Djibilla Idrissa Maiga vient d’achever un cours. Il est venu en appui au collègue de CM2. De cette salle, l’on entend le bourdonnement provenant du marché. Interrogé sur le sujet sa réponse est sèche. « Cette histoire me dépasse », dit-il l’air ennuyé et impuissant. Cependant, il refuse de se prononcer sur les désagréments que cause ce marché qui engloutit à petits pas son école. Tout comme lui, aucun n’enseignant ose aborder le sujet.
Sévérin Bamogo s’est trouvé une place dans ce marché depuis environs trois ans. Il y vend des chaussures. Le jeune vendeur admet que l’installation de ce marché dans une école est inadéquate. « Nous-mêmes nous savons que ce n’est pas normale qu’un marché soit installé dans une école. Mais nous ne savons pas où aller, dit-il d’un sourire gêné avant de poursuivre, c’est difficile parce que nous-mêmes aurions bien voulu installer des hangars. Mais nous sommes dans une école. C’est pourquoi, nous avons installé des parasoleils que nous sommes obligés de ranger chaque soir ».
Une clôture pour l’école
C’est le même sentiment partagé par Saadata Lenguelengué également vendeuse dans ce marché. Pour elle, c’est de la faute de la mairie si les vendeurs sont toujours là. Les places promises depuis longtemps pour déménager sont toujours attendues. « La mairie a fait des promesses. Nous avons été recensés. Nous avons établis plusieurs documents mais jusqu’à aujourd’hui, il n’y a rien », soupire-t-elle.
A quelques pas de là, sont assis sous un grand arbre à l’entrée de l’école, des hommes, dont des parents d’élèves observent indifférents, les usagers traverser la cour de l’école se faufilant entre les enfants. Ils sont aussi impuissants. Mais pour eux, la solution est simple : « Il faut construire une clôture pour l’école. Si cela est fait, les commerçants seront obligés de libérer le marché et les personnes ne traversera encore l’école », s’indigne Adama Bamogo, parent d’élèves.
Tous disent attendre une décision de la mairie qui a promis de trouver un espace aux commerçants. Mais, à la suite du coup d’Etat du 24 décembre 2021 au Burkina Faso, les conseils municipaux ont été dissouts. Le calvaire des élèves pourrait encore continuer.
Ecouter notre reportage « Quand elle part à l’école elle a peur sur le chemin »