Longtemps attendue, la Coupe d’Afrique des nations (CAN) se dispute depuis le 13 janvier 2024 dans cinq villes de la Côte d’Ivoire. Cet évènement d’abord sportif est aussi économique, car elle est une opportunité pour des restaurateurs, des vendeurs ambulants et des transporteurs entre autres. Des Burkinabè profitent également de l’engouement autour de la compétition. Mais le succès de leur commerce dépend des performances des équipes en lice.
Dans sa maisonnette, la patronne, mère d’un garçonnet, a du mal à contenir la clientèle en cette journée où le Burkina Faso doit affronter l’Algérie. Pourtant, ce n’est pas faute de ne s’être pas préparée à l’affluence. Au premier match qui a opposé le Burkina Faso à la Mauritanie, elle avait pu prendre la mesure.
Mais cette fois, bien qu’étant préparée depuis la veille, elle a du mal à satisfaire tous les clients qui prennent d’assaut son restaurant, désireux de calmer leur faim avant d’accéder dans l’enceinte du stade de la paix. « Le jour qu’il y a match ici, vraiment ça marche. Les clients viennent beaucoup. C’est parce que la route est barrée même sinon, les clients allaient dépasser ce que vous voyez », explique la jeune vendeuse se faufilant toujours entre les clients, presque tous pressés.
Une bonne affaire pour les transporteurs
Une certaine ferveur s’est emparée de la ville de Bouaké depuis le mois de janvier. Yaya, un jeune taximan, est ébloui par les réalisations faites dans la cité du Gbèkè par les autorités politiques locales. « Toute cette voie que vous voyez, c’est avec la CAN qu’ils ont construit ça », dit-il.
Depuis l’ouverture de la CAN, le jeune reconnaît que la ville connaît un certain dynamisme. « Au niveau des gares routières, l’affluence a augmenté. Il y a des supporters burkinabè qui sont logés dans mon quartier, ça fait vraiment que je gagne de l’argent », dit-il tout heureux. Cette période de vaches grasses, il veut la saisir avant qu’intervienne la période des vaches maigres. Au grand marché de Bouaké, deux jeunes, Moustapha et Siaka, accueillent des jeunes aux abords du marché pour leur peindre le visage aux couleurs de l’équipe nationale de la Côte d’Ivoire.
Vendeurs de pièces détachées de téléphones portables, ils se sont convertis, pour un bon moment, en maquilleurs. Ils ont installé un petit stand au bord de la route. De façon habille et rapide, ils peignent des drapeaux, des étoiles sur les joues, les fronts ou les bras des supporters. « Vieux père si les Etalons gagnent, ça sera bien! La dernière fois, on avait un bénéfice de 15 mille francs CFA. Mais aujourd’hui, c’est moins bon à cause de la défaite de la dernière (NDLR. La Côte d’Ivoire a perdu (1-0) contre le Nigéria) », assure Moustapha.
Des Burkinabè en profitent
Il n’y a pas que les nationaux qui font de bonnes affaires à la faveur de cette CAN dite de l’hospitalité. Amado Koanda a quitté Ouagadougou avec diverses marchandises pour le chef-lieu de la région du Gbèkè. Il s’agit de drapeaux de plusieurs pays comme la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, la Guinée, le Mali, des vuvuzelas, des chapeaux, des foulards, des écharpes, etc. qu’il a achetés à Ouagadougou et Lomé. Sur la voie So koura, le jeune homme propose ces objets aux passants en ce jour où la Côte d’Ivoire est en compétition.
Et, les affaires sont bonnes. « Vraiment, ça marche. Il y a quatre jours, j’avais beaucoup de marchandises mais aujourd’hui, j’ai pu écouler certaines », raconte le jeune homme habitué des coupes d’Afrique. Kader, un autre jeune homme, fait le même commerce. Résidant au quartier Karpala de Ouagadougou, il a amené plusieurs objets de supporters pour les vendre. Son business est prospère.
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« Actuellement, nous avons vendu près de trois cartons. Ça marche parce que si tu sors, tu as l’argent de ton benga! Tu remercies le bon Dieu parce qu’il y a des gens qui vont sortir, ils ne vont rien gagner. Nous sommes venus chercher à manger », explique Kader.
Sur le marché, les maillots des équipes, notamment d’Afrique de l’Ouest s’arrachent comme de petits pains. Toutefois, tous sont conscients que la pérennité de ce commerce dépend de la performance de certaines équipes dont notamment le pays hôte, qui espère remporter le trophée continental pour la troisième fois de son histoire.
Boukari Ouédraogo
Envoyé spécial à Bouaké