A Léo, 170 km environ de Ouagadougou, le mois de ramadan rime avec cherté de la vie. Face à l’augmentation des produits de première nécessité, les jeûneurs se serrent la ceinture.
Installée devant la mosquée du secteur 2 de Léo, Claire Yvette Zopoula s’affaire autour de ses bidons de jus de tamarin, bissap (oseille de Guinée), zoom koom (boisson de mil) etc. L’heure de la rupture est proche. Yvette, plonge des bidons de jus dans de la glace, en met dans une cuvette et sert des clients sous le regard de jeunes mendiants qui demandent l’aumône. Elle se dépêche pour ne pas être surprise par le temps.
Cette année, selon Yvette Zopoula, le ramadan se tient dans un contexte d’augmentation brusque de certaines denrées. « Tout est devenu cher. Le plat du mil que nous achetions coûte aujourd’hui 1100 francs CFA alors que le sacre du sucre coûte 27500 francs CFA. La boite du bissap aujourd’hui s’achète à 1250 francs CFA. Quant au tamarin, on n’en trouve même plus », lâche-t-elle d’un ton agacé, le visage crispé. L’année passée, elle avait fait de mauvaises affaires à cause de la Covid-19. Cette année, c’est la cherté des produits sur le marché qui l’inquiète.
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Cette augmentation des prix inquiète des jeûneurs dans la commune de Léo. Une bouteille de zoom koom et deux bouteilles de bissap emballées dans un sachet plastique bleu accroché au guidon de sa moto, Bélibié Bénao est passé faire ses provisions. Il constate avec amertume l’augmentation des produits cette année.
« Le bidon de zoom koom qui coûtait 300 francs coûte en ce jour 500francs, le prix de la glace est passé de 50 à 100francs. L’année dernière avec 500francs on pouvait rompre le jeûne mais cette année cela n’est pas possible. Il faut 800francs voire même 1000francs pour rompre », affirme Bénao, visiblement révolté et inquiet.
Un peu plus loin, Djéliatou, devant un fourneau à gaz fait cuire ses galettes, des ignames et des beignets. Contrairement à certaines vendeuses, Djeliatou se frotte les mains. Mais, les bénéficies ne sont pas à la hauteur de ce qu’elle espérait. Entre deux services de clients, elle nous fait part de son étonnement : « Je reconnais que tout est devenu cher en ce moment. Le plat du mil fait 1100 francs. J’achète le sac du sucre à 27500francs, le bissap à 1250francs, nous ne parlons même pas du tamarin car on n’en trouve pas ».
Des mesures fortes attendues
Le mois de ramadan est propice aux partages. Des dattes, du sucre, de l’huile, du riz etc. et bien d’autres denrées sont offertes aux jeûneurs et parfois aux personnes nécessiteuses. Mais pour certains, la période est une double pénitence avec la spéculation sur les denrées alimentaires. C’est le sentiment de Madi Dabo, vendeur de dattes installé en face de la salle de cinéma de Léo.
Il constate une augmentation de ce fruit prisé par plusieurs jeûneurs du fait de ses qualités nutritives. Mais, là également le prix du sac a augmenté, regrette-t-il : « Le premier choix coûte 90 000 francs et le deuxième choix coûte 85 000 francs au prix en gros. Pourtant, avant le début du mois de ramadan, le premier choix coûtait 75 000francs et le deuxième choix 70 000francs ».
Dans un tel contexte, des vendeurs détaillants, comme Moussa, estiment qu’il est encore plus difficile de se faire des bénéfices. Pour confirmer ses dires, il présente un paquet de sucre. L’étiquette indique de 850 francs CFA. Avant le ramadan, le prix du paquet de sucre coûtait 750 francs CFA selon le jeune. Une augmentation de 100 francs CFA. Somme minime à l’apparence, énorme pour les consommateurs. « Il serait bon voire nécessaire que les commerçants s’accordent pour revoir les prix à la baisse. Il est aussi nécessaire que le service qui fixe et contrôle les prix fasse son travail », propose-t-il.
La spéculation par des commerçants et le contexte d’insécurité au Burkina Faso expliquent en partie cette augmentation des prix des différents produits selon des habitants de Léo. Ils espèrent des mesures fortes pour faire baisser le prix de ces produits pour un mois de ramadan sans peine supplémentaire.
Christophe SANLACK
Correspondant à Léo