- Le Burkina, le Mali et le Niger annoncent leur «retrait sans délai»
- L’organisation se dit prête à une « solution négociée »
- Ce qu’il faut retenir
Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont annoncé dimanche 28 janvier 2024 leur retrait sans délai de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans un communiqué conjoint sur les chaines nationales des trois pays. Dans un communiqué publié sur ses réseaux sociaux, la CEDEAO s’est dite prête à une «solution négociée » avec ses trois «importants membres».
Une annonce dominicale conjointe
– «Éloignement des idéaux des pères fondateurs et du panafricanisme,
– influences de puissances étrangères,
– non-assistance dans la lutte contre le terrorisme et l’insécurité,
– imposition de sanctions jugées « illégales, illégitimes, inhumaines et irresponsables en violation de ses propres textes ».
Ce sont-là les principaux griefs relevés contre la CEDEAO par le Burkina Faso, le Mali et le Niger, annonçant, dimanche, dans un communiqué conjoint, leur «retrait sans délai » de l’organisation sous-régionale, en «prenant toutes leurs responsabilités devant l’histoire et répondant aux attentes, préoccupations et aspirations de leurs populations».
Au Burkina Faso, c’est le porte-parole du gouvernement, Jean Emmanuel Ouédraogo, qui a lu le communiqué au journal télévisé de 13 h de la télévision nationale, la RTB.
« Le Burkina Faso, le Mali et le Niger restent des membres importants» selon la CEDEAO
Dans la foulée de l’annonce des trois pays, l’organisation a réagi dimanche dans la soirée dans un communiqué publié sur ses réseaux sociaux : «L’attention de la Commission de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Commission de la CEDEAO) a été attirée par un communiqué diffusé sur les télévisions nationales du Mali et du Niger annonçant la décision du Burkina Faso, du Mali et du Niger de se retirer de la CEDEAO. La Commission de la CEDEAO n’a pas encore reçu de notification formelle directe des trois États membres concernant leur intention de se retirer de la Communauté. La Commission de la CEDEAO, sous la direction de l’Autorité des chefs d’État et de gouvernement, a travaillé assidûment avec ces pays pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel. Le Burkina Faso, le Niger et le Mali restent des membres importants de la Communauté et l’Autorité reste déterminée à trouver une solution négociée à l’impasse politique. La Commission de la CEDEAO reste saisie de l’évolution de la situation et fera de nouvelles déclarations à mesure que la situation évolue.»
Le Burkina Faso, le Mali et le Niger, tous dirigés par des Gouvernements de transition, ont eu des brouilles diplomatiques avec l’institution sous régionale. Ces relations se sont considérablement dégradées depuis le coup d’Etat intervenu le 26 juillet 2023 au Niger et ayant conduit au départ du président Mohamed Bazoum du pouvoir. La CEDEAO avait menacé d’intervenir militairement au Niger pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger. Le Mali et le Burkina Faso s’étaient montrés solidaires des tombeurs de Bazoum, assurant qu’ils répliqueront en cas d’intervention militaire à Niamey.
Le Burkina Faso s’en est bien tiré après son premier coup d’Etat, en janvier 2022. En effet, le pays n’a pas écopé de sanction autre que sa suspension des instances de la CEDEAO. Au Niger, un blocus commercial a été imposé au pays après le renversement de Mohamed Bazoum. Ce blocus a fait grimper le prix des denrées alimentaires et créé une pénurie de produits essentiels, notamment de médicaments. Au Mali, des sanctions économiques et financières avaient été prises contre le Mali. Celles-ci ont été levées en juillet 2022. Mais la Cédéao a menacé le pays de sanctions majeures en cas de non-respect d’un échéancier de 24 mois de transition, de même pour le Burkina Faso.
Une décision qui ne prendra effet que dans un an selon les textes
Selon l’article 91 du Traité de la Cédéao, révisé en 1993, la procédure officielle de retrait prévoit une notification par écrit, dans un délai, d’un an, de la décision au Secrétaire Exécutif qui en informe les Etats Membres. A l’expiration de ce délai, si sa notification n’est pas retirée, cet Etat cesse d’être membre de la Communauté.
Les premières implications de cette décision de retrait pour ces trois pays sans accès direct à la mer, une fois effective, ont trait à la libre circulation des personnes et des biens notamment en lien avec les exemptions de visa et des exonérations de taxe.
Ce retrait n’est pas une première pour la CEDEAO car la Mauritanie s’était elle aussi retirée en 2000. Mais cette fois, la raison invoquée était la volonté mauritanienne de se concentrer sur l’Union du Maghreb arabe (UMA). En mai 2017, la Mauritanie a signé un accord avec la CEDEAO amorçant son retour dans la zone de libre-échange CEDEAO. Admis comme membre observateur de l’organisation, le Maroc a également déposé une demande d’adhésion en 2017.