Débuter le weekend tout en sueur. Tonifier le corps pour affronter une nouvelle semaine. Depuis quelques mois, un groupe de jeunes de Koudougou a initié une marche sportive. Ils parcourent 15 km à pieds entre leur ville et Réo en aller-retour. Une marche collective qui permet de minimiser la pénibilité de l’exercice physique.
6h devant la salle polyvalente de Koudougou, située au secteur 10. Un groupe de personnes en tenues de sport est arrêté devant le portail de l’enceinte. Visiblement, les membres se démarquent des centaines d’étudiants qui affluent déjà pour prendre cours dans la salle de 2000 places.
Quelques temps après, arrive sur un vélo, Sabouna Ouédraogo. Journaliste, c’est lui qui, la veille avait encore sonné le rappel sur sa page Facebook : « (…) Rassemblement 5h30. Départ 6h. Venez faire le sport avec nous. Venez marcher Koudougou Réo – Koudougou. Venez faire les 15 km (…) », pouvait-on lire.
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Aussitôt sa monture déposée, il donne le top départ de la marche. Pendant que le soleil se fraie progressivement un passage entre les nuages pour darder ses rayons, les marcheurs s’ébranlent vers Réo alors que Koudougou se réveille timidement. C’est devenu le rituel depuis quelques mois.
« On ne se connait pas tous. Il y a de nombreuses personnes que j’ai connues à travers cette marche. A travers les réseaux sociaux, on a pu mobiliser d’autres personnes », explique Sabouna pour qui, le Burkinabè ne bouge pas. « Même pour aller acheter quelque chose à 20 m, on démarre la moto. Si on a l’occasion de dégraisser, c’est bon », dit-il, comme justification à cette initiative.
Des débuts toujours difficiles
Après 30 minutes de marche, le groupe qui s’est agrandi par l’arrivée d’autres marcheurs se scindent en plusieurs. « Chacun marche à son rythme. Ce n’est pas un concours de marche, pourvu que l’objectif soit atteint. Il y a des groupuscules, tu intègres le groupes dans lequel tu te sens capables d’évoluer », nous précise Abdoul Karim Ouédraogo.
Environ une heure, le premier groupe de marcheurs est arrivée à destination. C’est le premier round, et à la pancarte qui indique l’entrée de Réo, une pause de quelques minutes s’impose pour attendre ceux qui sont restés derrière. Une occasion pour Elvira Reine Bonanet de se désaltérer. « Le premier jour est le plus difficile. Avant cela même, je dirai que le plus difficile, c’est le courage même de commencer. Le premier jour, je n’étais pas sûre d’arriver. Dès que j’y suis arrivée, je me suis dit, c’est possible et j’ai continué », dit-elle, assise sur une brique, un sachet d’eau en main. Quand le groupe est totalement constitué, une séance de photo avant d’entamer le retour.
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15 km à pied ? Voilà une idée qui fait peur et peut décourager. Mais pour M. Ouédraogo, c’est le risque qui manque le moins. On tente le coup une fois, et on revient plus déterminé. « La première fois en chemin je me demandais si j’allais y arriver. Une fois arrivé, je me demandais si je reviendrais. J’avais même pensé à appeler quelqu’un pour venir me chercher. Plus ça fait mal, plus il faut forcer. La semaine qui a suivi, j’ai rebeloté et maintenant je suis devant. Je ne suis plus derrière. Le premier jour, j’étais à l’arrière du peloton », se rappelle M. Ouédraogo, avec un brin de fierté.
La sueur dégoulinant, Aminata Diabaté accuse visiblement la fatigue. A l’arrière du peloton, elle est encouragée par deux autres marcheurs. « Ce n’est pas simple. On sent que les muscles s’étirent, il y a de la contraction, on a du mal à s’adapter au rythme de ceux qui sont devant. Mais l’essentiel, c’est de marcher », lance la dame difficilement.
Une marche bien encadrée
Marcher aux abords du bitume bien fréquenté à l’aller comme au retour, comporte des risques. Les marcheurs de Koudougou-Réo sont organisés. Ce samedi 14 mai par exemple, c’est Moumouni Ouédraogo qui ferme la marche. Habillé d’un gilet reconnaissable à distance, c’est lui qui assure les arrières des sportifs matinaux. « C’est pour éviter qu’il y ait des débordements vers le coté cyclable. Avec les gros engins, ce n’est pas facile. Derrière, j’ai une vue d’ensemble », explique –t-il.
A l’avant, c’est Abdoul Karim Ouédraogo qui ouvre le peloton. Lui également, paré de son gilet assure la sécurité des marcheurs : « C’est pour permettre à ceux qui nous croisent ou nous dépassent de faire attention ». Retour à la case départ. Après quelques exercices d’étirements, le groupe prend un thé ensemble, échangent avant de se donner rendez-vous le samedi prochain pour un autre Koudougou-Réo, tout en sueur et pour le bien-être.
Tiga Cheick Sawadogo