Les examens de Brevet d’étude du premier cycle (BEPC), du brevet d’étude professionnel (BEP) et du Certificat d’aptitude professionnel (CAP) ont débuté le 2 juin au Burkina Faso. Les candidats vivant avec un handicap sont également en course pour décrocher l’un de ces diplômes. Un centre au Lycée Mixte de Goughin permet à des handicapés visuels de prendre part à l’examen du BEPC. Nous les avons rencontrés.
Jean Yves Patrick Kaboré, patiente dans une salle au sein du Lycée Mixte de Goughin. Dans cette salle, il doit passer le Brevet d’étude du premier cycle (BEPC). Des verres noirs ornent son visage. Sur son tee-shirt blanc, repose une grosse croix portée autour du cou. La vingtaine, le jeune homme est un handicapé visuel. Mais, Jean Yves Patrick Kaboré nourrit l’ambition de devenir transitaire.
Franchir donc cette étape du BEPC est importante pour lui. Car, le diplôme servira de passeport pour poursuivre sa route vers son rêve. Pour cela, Patrick peut compter sur ses efforts, fournis durant l’année scolaire. « Je me suis préparé pendant 5 à 6 mois donc je peux dire que je suis prêt » dit-il tout confiant à quelques minutes de la composition.
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Comme lui, 23 autres élèves occupent la salle. A la faveur des examens du BEPC, le gouvernement a installé une salle pour les personnes vivant avec un handicap au sein de cet établissement. Il s’agit du centre unique pour les candidats vivant avec un handicap visuel. Tout comme Patrick, Ferdinand Compaoré, est confiant. C’est la deuxième fois qu’il passe le BEPC. Il sait qu’il doit faire preuve d’abnégation.
Des difficultés
Cette qualité, il la tire de son expérience d’athlète. Ferdinand Compaoré a représenté le Burkina Faso aux Jeux paralympiques. Malgré tout, il dit avoir eu le temps de bien se préparer. « On faisait des travaux de groupe à l’école et à la maison, traitais les exercices avec les amis du quartier qui sont valides ». Aucune faveur. Les candidats vivant avec un handicap sont considérés au même titre que les personnes dites valides. Cela ne dérange pas ces candidats.
Mais l’une des grandes difficultés reste le retard dans la distribution des sujets. Selon président de l’Union nationale des associations burkinabè pour la promotion des aveugles et malvoyants (UBPAM) Christophe Oulé, ces retards fatiguent psychologiquement les candidats. « Pour les élèves vivants avec un handicap, il faut d’abord distribuer les sujets aux autres avant de transcrire pour nos élèves. On aurait souhaité qu’ils composent tous au même moment », explique Christophe Oulé également président du réseau pour la promotion de l’éducation inclusive.
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Cette situation cause des désagréments pour certains candidats comme Elyse Ouédraogo, élève au lycée St Pierre de Kouka. « Pour traduire avant qu’on commence, ça prend énormément de temps. Pendant que les autres élèves rentrent à 17h, nous, nous sommes obligés de rester jusqu’à 19h voire 20h », regrette la jeune fille.
Des décodeurs sollicités
Même procédé après la composition des sujets. Des enseignants sont chargés de décoder et retranscrire les copies des élèves pour correction. Dans ce centre, sept décodeurs sont soumis à cette tâche. Elle n’est pas aisée selon Alima Yaméogo : « Par exemple, pour une feuille de 4 pages, nous pouvons mettre 30 minutes pour décoder. Par contre, si la présentation est moins bonne, ça peut aller à 45 minutes voir 1h ».
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Mais, il n’y a pas de tricherie. « Nous reproduisons fidèlement et textuellement ce que le candidat a écrit pour le rendre accessible au professeur qui va corriger la copie. Si le candidat a écrit avec une faute, on reproduit cela donc rien n’est modifié », rassure Alima.
La directrice de l’éducation inclusive et de l’éducation des jeunes filles et du genre Rasmata Ouédraogo, en supervision dans le centre d’examen reconnait le problème. Elle promet que les moyens seront mis en œuvre pour accueillir du matériel et des personnes compétentes pour résoudre ce problème. Mais cela, ce sera pour une prochaine fois. Car, ces candidats vivant avec un handicap visuel font avec les moyens de bords. Malgré tout, ils espèrent tous être admis au jour de la proclamation des résultats.
Faïshall Ouédraogo