Dans la Circonscription d’éducation de base (CEB) de Séguénéga, dans la région du Nord, le Certificat d’étude primaire 2022, est une session aux forceps. Malgré le rendez-vous respecté pour le début des épreuves le 7 juin 2022, l’impact de la menace des hommes armés a entaché la préparation des candidats.
Un examen sous la hantise. Le centre de composition de Ramsa est délocalisé à la veille de la composition au CEG de Tiba, à l’intérieur de la ville de Séguénéga pour parer à toute éventualité, selon le préfet du département de Séguénega, Der Somé. « Nous sommes venus vous dire, là où vous êtes là, soyez tranquilles », lance-t-il aux candidats tous crispés avant l’administration des premières épreuves.
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Ce centre qui siège habituellement dans le village de Ramsa, à une quinzaine de kilomètres de la ville, regroupe six écoles. Malgré sa délocalisation, l’anxiété se lit sur le visage des candidats ce premier jour de la composition. Pour rassurer les candidats, c’est d’ailleurs le lieu choisi pour l’ouverture officielle de l’enveloppe de la première épreuve.
Une préparation dans la peur
Noaga Michel Kindo, Chef de la circonscription d’éducation de base (CEB) de Séguénéga remonte le moral des candidats « Vous avez la chance que ce soit dans votre salle que les autorités viennent pour ouvrir la première enveloppe. Ça veut dire déjà qu’ici tout le monde va avoir le CEP. Donc applaudissez pour vous-mêmes. Il ne faut pas avoir peur, c’est comme si vous étiez toujours à Ramsa. ». Et d’ajouter pour arracher un sourire aux candidats et détendre l’atmosphère : « La seule différence, c’est que vous êtes dans une salle avec des brasseurs et de la lumière ».
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La commune de Séguénéga dont les écoles forment la CEB de Séguénéga, est une des zones du Yatenga frontalière de la province du Loroum. En décembre 2021, toutes les écoles du Loroum étaient fermées à cause de la pression des groupes terroristes. Mais les écoles du village de Mogom, à la ligne de démarcation avec le Loroum, sont restées fonctionnelles. Mais sous la pression qui s’accentuait. Les classes intermédiaires elles, étaient fermées.
Malgré tout « on jonglait pour tenir, malgré la peur. A plusieurs reprises on a fermé parfois une semaine, parfois deux semaines. On n’a pas pu évaluer le 2e et le 3e trimestre. Dans ces conditions, on n’a pas pu achever correctement les programmes, mais comme l’examen est national, on espère le miracle », se console le maître titulaire de la classe de Cours Moyen 2 (CM2) de Mogom-Bakporé qui présente 20 candidats.
Des programmes inachevés
De l’autre côté de la frontière avec le Bam, c’est aussi la peur. Le centre de composition de Téonsgo à une douzaine de kilomètre de Séguénéga a aussi été délocalisé dans la ville. Ce centre qui compte 78 candidats enregistre 8 absents. L’école de Rallé rattachée à ce centre avait 33 candidats inscrits, mais 28 sont présents ce 7 juin.
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« Nous avons risqué pour faire fonctionner le CM2 parce qu’on avait des candidats qui étaient à leur dernière chance de faire le CEP. On n’a pas pu travailler de façon constante. Le programme nous l’avons exécuté je peux dire à 70%, mais nous avons de l’espoir » explique W. Kisito Sawadogo, directeur de l’école de Rallé par ailleurs président du centre de composition de Téonsgo.
A l’issue des premières épreuves, quelques candidats interrogés se disent confiants. Malgré le contexte difficile, ils espèrent décrocher leur premier diplôme qui leur ouvrira les portes du collège.
Dans la CEB de Séguénéga, 2003 candidats issus de 57 classes de CM2 vont à l’assaut du CEP 2022. Ils sont repartis dans deux jurys et 11 centres de composition.
Patrice Kambou
Correspondant