C’est un coton choyé par les puristes du textile pour la qualité de sa fibre et dont la culture est encouragée par les défenseurs de l’environnement : le bio. Du champs jusqu’à l’égrenage, c’est un processus minutieux où aucun détail n’est négligé. La première usine de coton exclusivement bio en Afrique de l’Ouest est à Koudougou, dans la région du centre-Ouest, mais les machines ne tournent pas encore à plein régime par insuffisance de la matière première.
Un calme qui contraste avec l’ambiance habituelle dans une usine. A la zone industrielle de Koudougou, il n’y a pas de vrombissement de machines en cette journée ensoleillée, à la société d’égrenage du coton biologique (Secobio). Normal, nous sommes en intercampagne. Cette période qui précède la campagne qui a pris fin en mars, et elle est mise à profit pour le nettoyage et la maintenance des machines.
Tout coton qui entre et sort d’ici est bio. « Ça veut dire que c’est quelque chose qui est naturel et respecte la nature. Il n’y a pas eu de produits chimiques pour enrichir le sol ou traiter le coton contre les ravageurs », nous explique Sibiri Boniface Sawadogo, chef d’usine. C’est la particularité de l’enceinte. Même les déchets générés par l’usine sont contrôlés.
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Longtemps premier producteur de coton en Afrique, le Burkina a ainsi marqué le coup en se dotant de cette infrastructure inaugurée en janvier 2020. Le pays a toujours égrené le coton bio, mais avec des fortunes diverses. Il fallait finir l’égrenage du coton conventionnel pour commencer le bio. Frustration des ‘’producteurs bio’’, retards dans l’enlèvement des récoltes, retards de payement et souvent pertes de production.
Un coton recherché mais difficile
Compartiment après compartiment, Sibiri Boniface Sawadogo nous fait visiter l’usine. Du pont bascule aux différentes machines d’égrenage, le chef d’usine nous explique le travail à Secobio et surtout toute la peine mise pour avoir le certificat bio. « Le bio est certifié par des organismes depuis le champs jusqu’à l’usine, il y a un processus. Il faut éviter la pollution de la nature, les déchets doivent avoir de la traçabilité. Celui qui certifie est regardant », ajoute le chef d’usine.
Sur le marché international surtout, le coton bio a de la côte. Il coûte plus cher que le coton conventionnel. C’est ce que confirme le directeur général de Secobio, Bernard Zougouri qui insiste sur la pénibilité de la culture de ce coton. « Le bio est recherché , il est rare et son travail est plus pénible. C’est vrai que nous avons des agriculteurs qui sont dans le domaine, il faut les suivre, malheureusement ils sont à des petites superficies », dit-il.
En deçà des capacités
Depuis son inauguration, l’usine n’a jamais travaillé au maximum de ses capacités qui est de 17 500 tonnes. Selon le chef de l’usine, à la première année, l’usine a égrené juste 1 300 tonnes puis 1 500 tonnes en 2021. Cette année, ce sont environ 1 800 tonnes qui sont passées dans les machines de Secobio.
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L’usine a-t-elle eu l’appétit vorace ? Difficile de le dire. La complexité dans la culture de ce coton est l’une des conséquence de cette situation. Le premier responsable de Secobio explique d’avantage le problème. « La majorité de ceux qui produisent ce coton, ce sont des femmes. Il se trouve que la terre appartient aux hommes, quand elles en demandent pour cultiver, on leur donne mais pas de grandes superficies. C’est dans nos projets de sensibiliser pour permettre aux femmes d’avoir plus de superficies », constate Bernard Zougouri. En toile de fond, c’est le commerce équitable qui est encouragé.
La campagne cotonnière 2022-2023 a été lancée le 12 mail 2022 par l’Association interprofessionnelle du coton du Burkina. A la société d’égrenage du coton biologique de Koudougou, l’on garde espoir qu’au sortir de cette campagne, les machines de l’usine vont tourner à plein régime.