Le taekwondo, art martial coréen, fait la fierté de la ville de Koudougou. Grâce au travail des encadreurs, la ville est une référence dans le domaine au niveau national.
Une faible lumière perceptible de loin éclaire le plateau omnisport de l’ONEA en cette soirée du mois de ramadan. Sur place, des taekwondoïstes du club Nebnooma, l’un des plus populaires de la ville de Koudougou. Une vingtaine de jeunes habillés de vestes en forme de chasuble, des cols en V et des pantalons amples et légers, des ceintures de différentes couleurs nouées autour des reins répètent des exercices à tour de rôle.
Avec les pieds, ils tapent avec acharnement dans des raquettes. Ils sont âgés entre six et 12 ans. Chaque coup porté est suivi d’un cri puissant comme une sorte de libération. « Plus haut. C’est pas comme ça. Voilà. Vas-y », répète d’un ton autoritaire, un adolescent 15 ans environ sur d’autres enfants plus jeunes que lui.
Les enfants cibles principales
Un jeune garçon, la quinzaine dirige lui aussi d’autres pratiquants plus jeunes que lui. S’il est devenu pratiquant de cet art martial, c’est grâce à la volonté de son père. « Il voulait que je pratique un sport. Puis, il a choisi le taekwondo depuis que j’étais petit », raconte le jeune garçon. Depuis, il a pris goût et ne rate aucune séance d’entraînement. Selon les encadreurs, les parents inscrivent, en général leurs enfants pour les canaliser lorsqu’ils sont trop turbulents, les amener à sortir de leur timidité ou tout simplement, afin qu’ils pratiquent le sport.
En raison du mois de ramadan au moment de notre passage, certains pratiquants, les plus âgés, sont absents. L’heure des entraînements coïncide avec celle de la rupture et de la prière.
Dans les clubs de Koudougou, les acteurs ont choisi de mettre l’accent sur les enfants. L’idée est d’inculquer les rudiments de cet art martial dès le bas-âge. « Nous recrutons souvent à partir de quatre ans si l’enfant est assez éveillé. Sinon, c’est à l’âge scolaire. Cinq ans. A un certain âge, on ne peut modeler le corps pour faire de la compétition mais on peut inculquer quand même des bases de self défense », précise Ismaël. Car quel que soit l’âge, toute personne est acceptée dans ce club.
Titiller les équipes de Ouaga
Le taekwondo apparait comme le deuxième sport le plus pratiqué dans la ville après le football selon les encadreurs. La ville compte huit clubs avec une cinquantaine de pratiquants chacun. En plus, au plan national, le district de Koudougou n’a rien à envier aux meilleures équipes de Ouagadougou. Depuis peu, les athlètes de la ville rivalisent avec ceux de la capitale et de Bobo-Dioulasso.
« Il y a de cela quelques années, quand on partait à Ouagadougou, on disait que Koudougou n’était rien. Maintenant, quand on part, c’est Ouagadougou qui peut nous titiller. Sinon, notre niveau est acceptable. Je peux dire qu’il est très bien au regard des médailles que nous avons engrangé durant le mandat de Ismaël Kaboré, c’est vraiment positif », indique Zemsi Tiendrébéogo, président du club Jeunesse. Il est également le directeur technique du district du Bulkiemdé.
En effet, lors du championnat national saison 2022, le district de Koudougou a reçu le trophée de la meilleure équipe chez les dames. Idah Kevin Bama, quant à elle, a remporté le prix de la meilleure athlète féminine. Elle conserve aussi son titre de championne. Classée cinquième athlète au niveau africain, elle fait la fierté de la ville. Plusieurs athlètes formés à Koudougou ont rejoint des clubs de Ouagadougou à la faveur des études.
Des moyens limités
Pourtant à Koudougou, les clubs travaillent avec des moyens modestes. Il n’existe pas d’infrastructures adaptées ni de tatamis. Les blessures sont récurrentes et empêchent la progression des athlètes. Les arts martiaux font partie des parents pauvres du sport burkinabè. « Au niveau national, on ne nous permet pas d’avoir des stages et parfois on est dépassé. On est souvent limité puisque les règles évoluent et si on ne suit pas, on sera en déphasage», regrette Zemsi Tiendrébéogo.
En plus, le football ne pas bénéficie de la même considération de la part des autorités politiques et des entreprises, déplorent les pratiquants. « Le sports qui a le plus de côte, c’est le football. On ne parle que de ça. Nous estimons que pour notre discipline qui est le taekwondo peut présenter des athlètes capables de représenter le Burkina mais le soutien manque », déplore également Ismaël Kaboré.
Pour lui, dans un contexte lié au terrorisme, le gouvernement peut trouver intérêt à miser sur les arts martiaux car la discipline enseigne la maîtrise de soi, le respect du prochain et la non-violence.
Boukari Ouédraogo