Installés aux abords de la digue du barrage de Guitti, (70 km de Ouahigouya, chef lieu de la région du Nord) Hamado Savadogo et ses amis gagnent leur vie grâce à la pêche depuis 2017. Mais aujourd’hui ils font face à l’augmentation du coût de leurs matériels de travail et à la faiblesse de la variété de poissons disponibles dans le barrage.
Deux huttes couvertes de bâches bleues, des filets à pêches, une pirogue en cours de confection abandonnée par son propriétaire, des hameçons filets, c’est le décor qui vous accueil à la rive gauche du barrage de Guitti, situé dans la province du Yatenga. Sous un arbre deux jeunes travaillent à détacher un filet nouvellement acquis.
« Depuis cinq ans notre quotidien se résume à trois choses : faire sortir le poisson tôt le matin pour les clients, arranger nos filets et nos hameçons dans la journée et identifier les bons endroits pour les placer le soir. Présentement nous sommes en train d’arranger un filet que nous venons fait venir de Ouagadougou la semaine écoulée », explique Hamado Savadogo chef de l’équipe d’un groupe de jeunes pêcheurs.
« Première venu, premier servi »
Depuis 2017, date de la mise en eau du barrage le jeune Hamado Savadogo s’est installé à Roffo avec son oncle. Objectif, pratiquer la pêche. Son oncle n’a pas tardé à lui a donné son indépendance. Depuis lors, il y gagne sa vie comme prêcheur. « Hier nous avons vendu 200 kg. Mais aujourd’hui nous n’avons même pas eu 80 kg. En 2017 quand on a commencé, c’était vraiment bénéfique. On gagnait beaucoup le poisson et notre clientèle était vraiment satisfaite. Mais cette année, on ne gagne pas tous les types de poissons » regrette Hamado Savadogo.
Les clients de ces pêcheurs viennent de Seguenega, Kalsaka, Kossouka, des localités environnantes, et parfois même de Kongoussi à près de 3 heures de route environs. Kongoussi abrite pourtant le lac Bam, l’un des plus grands du Burkina Faso.
C’est uniquement face à la mévente qu’ils se voient obligés de convoiter le marché à Ouahigouya. La pêche dans le barrage de Guitti nourrit son homme. Du reste c’est la conviction de Yassia Tiendrebéogo qui a abandonné ses études en classe de 1re pour rejoindre ses amis sur ce site depuis déjà 2 ans.
Après une année d’apprentissage du maniement de la pirogue et du placement des hameçons auprès de son frère, il vole aujourd’hui de ses propres ailes. Il est spécialiste des hameçons. « C’est avec les hameçons n°12 ; 13 et 14 que nous capturons les silures. Mais si vous voulez le poisson ici, vous devez venir très tôt le matin. A défaut vous devez lancer votre commande à l’avance. A partir du moment où ce sont des produits périssables si vous ne garantissez pas votre commande, nous ne prenons pas de risque soi-disant c’est un ancien client. Nous ne fumons pas le poisson ici. Nous n’avons pas non plus de moyens de conservation », regrette Yassia.
Le coût élevé du matériel
Dans ce barrage, les explorateurs ne manquent pas. Mais la plupart finit par abandonner. Depuis une semaine Rasmané Zango est venu du barrage de Ziga pour prospecter. « Je vois qu’il y a vraiment une bonne collaboration entre ceux qui travaillent ici. Et ici il n’y a pas assez d’eau là où ils sont c’est un avantage pour la pêche. Seulement ici je n’ai pas rencontré de capitaine de crevette, et bien d’autres types de poisson », remarque -t-il.
Au-delà de la faible variété de poisson disponible dans le barrage de Guitti selon Hamado Savadogo et son équipe, ils font face à bien d’autres difficultés. Les fournisseurs de la plupart de leurs outils de travail sont installés à Ouagadougou. Ce qui ne leur facilite pas la tâche quand ils ont besoin de matériel en urgence. « Ce filet que vous voyez nous l’avons commandé à Ouagadougou. C’est un filet qui capture les poissons moyens. Mais à l’arrivée nous constatons que c’est un filet fragile à cause de la matière », déplore Hamado Savadogo.
Sur ce site, le kilogramme de carpe coûte 500f et celui de silure 1000fcfa. Mais les pêcheurs n’excluent pas l’idée de revoir le prix à la hausse. « Aujourd’hui nous achetons la cartouche de 10 paquets d’hameçon n°13 entre 10000f – 13000fcfa. Pour le n°14 il faut débourser 7500fcfa. Alors que l’an passée on gagnait le n°13 entre 7000f – 9000fcfa. Si ça continue ainsi on sera obligé de revoir nos prix de vente à la hausse » ? explique Yassia Tiendrebéogo. Le barrage de Guitti à une capacité de 40 000 000m3. Il a été construit avec l’objectif d’alimenter les communes de Ouahigouya, Oula et de Séguénéga en eau potable.
Patrice KAMBOU
Correspondant