C’est peut-être ignoré par certains, mais l’absence de rétroviseurs sur un engin est punie par la loi. C’est dire qu’aucun usager de la route ne devrait circuler sans cet accessoire, des deux ou quatre roues.
Le rétroviseur ? C’est un coup d’œil en arrière pour aller de l’avant. Ainsi pourrait se résumer l’utilisation des rétroviseurs, ce miroir avertisseur qui s’impose comme un accessoire important des engins à deux ou quatre roues. Mais cette importance est ignorée par de nombreux usagers des routes à Ouagadougou. Tenez !
Cet usager de la trentaine Inoussa Ouédraogo, rencontré au marché de bétail de Tanghin, un quartier de la périphérie nord-est de Ouagadougou, dit ne pas aimer la présence des rétroviseurs sur un engin. Mieux, il estime que ce ne sont que les femmes qui doivent l’avoir sur les engins deux roues. « Quand tu achètes une moto et tu laisses les rétroviseurs, les gens disent que ce sont les femmes qui roulent avec les rétroviseurs ». Et c’est la raison pour laquelle, « (…) depuis que j’ai acheté ma moto, il n’y pas de rétroviseurs. Depuis le lieu de l’achat, j’ai dit d’enlever », lâche-t-il.
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Avec une moto sans rétroviseur, il est obligé, pour tourner, de se retourner pour regarder si la voie est libre ou pas. Le chargé de l’organisation de l’Association des Auto-écoles du Burkina Faso Salif Ilboudo estime que celui qui agit ainsi met sa vie et celle des autres en danger. Il prévient que quand on conduit, il n’est pas indiqué de se retourner et regarder ce qui se passe derrière. Car, celui qui le fait, ne peut pas en même temps regarder en arrière et voir ce qui est devant.
Circuler sans rétroviseur peut provoquer des accidents
Salif insiste pour démontrer l’importance des rétroviseurs. Il explique que le conducteur se sert du rétroviseur pour faire le dépassement. Aussi, à l’en croire, lorsque l’on veut aborder ou quitter la chaussée, on se sert aussi du rétroviseur. Selon les explications du moniteur, après avoir fini un dépassement également, c’est le rétroviseur qu’on utilise pour se rabattre à droite.
Le Capitaine de Police, Yamyia Sawadogo, du Service régional de la Circulation et de la Sécurité routière du Centre de la Police nationale, est sur la même longueur d’onde. Il est d’avis, en effet, que celui qui se retourne pour regarder peut « (…) causer des accidents ou être victime d’un accident ». Il ajoute que c’est la même chose que le rétroviseur interne qui permet pour le véhicule léger, de voir à l’intérieur du véhicule s’il y a des enfants ou de voir derrière pour s’assurer que tout va bien.
Toujours dans la démonstration de l’importance du rétroviseur, le capitaine de Police fait savoir que le rétroviseur extérieur droit, quand il s’agit de véhicule de transport en commun, est très capital. Cela, parce que les passagers rentrent par la partie droite du véhicule. « Vous n’avez aucun moyen de surveiller tous ceux qui sont auprès du véhicule, si ce n’est qu’avec le rétroviseur de droite », avertit-il.
La loi punit ceux qui circulent sans rétroviseur
En plus de ces aspects pratiques et pour le danger que cela comporte, il existe des lois au Burkina Faso qui obligent à l’utilisation des rétroviseurs. Yamyia Sawadogo, dans ce sens, rappelle que « l’Article 85 du décret 73-318 précise qu’il est fait obligation à tout conducteur de véhicule automobile de disposer d’un miroir rétroviseur de dimension suffisante et disposé de sorte que le conducteur puisse surveiller la circulation à partir de son siège, sans avoir à se retourner ».
De même, pour les deux roues, il y a « l’Article 22 du décret 2003-418 qui interdit tout conducteur de circuler avec un vélomoteur ou motocyclette, sans disposer d’un rétroviseur de gauche au moins », détaille le policier qui affirme également que pour ce qui est de la présence des rétroviseurs sur les véhicules légers, l’Article 24, de ce même décret, interdit à tout conducteur de véhicule de circuler sans le rétroviseur extérieur gauche et le rétroviseur interne.
L’agent du Service régional de la Circulation et de la Sécurité routière du Centre de la Police nationale rappelle qu’il y a aussi l’article 28 du même décret, qui interdit, quand il s’agit de véhicule poids lourd, de circuler sans le rétroviseur gauche et un rétroviseur interne. « Il y a enfin la réglementation qui concerne les véhicules de transport en commun. L’Article 28 interdit tout conducteur de véhicule de transport en commun de circuler sans trois rétroviseurs. C’est-à-dire un rétroviseur à gauche, un à droite et un à l’intérieur », termine-t-il. La loi punit ceux qui ne respectent pas cela.
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Rappelant le décret 2003-418, le capitaine de police, Yamyia Sawadogo, signale que l’article 45 dispose qu’une contravention de première classe qui est de 3000 F CFA sanctionne un conducteur de vélomoteur ou de motocyclette qui ne dispose pas de rétroviseur en circulation. Pour les véhicules légers, le même décret en son article 53 dispose qu’il est prévu une contravention de troisième classe qui est de 12 000 F CFA pour celui qui ne dispose pas des deux rétroviseurs, celui de gauche et celui à l’intérieur.
Pour les véhicules de transport en commun, à en croire le capitaine, les articles 57 et 58 disposent que si l’un des rétroviseurs manque, c’est une contravention de quatrième classe qui fait 25 000 F CFA. « Il n’y a pas de mise en fourrière pour les engins de ceux qui violent la loi relative aux rétroviseurs, car on fait d’abord cesser l’infraction, avant d’appliquer la contravention », rassure l’agent de Police.
Toutefois, le capitaine fait comprendre que cette loi n’est pas appliquée, tout comme d’autres, telles celles sur le port du casque, ceinture de sécurité, boîte à pharmacie, roue de secours, triangle au sol… « On n’applique même pas le 1/3 de ce qui existe comme réglementation », affirme Yamyia.
Boureima Dembélé