Au cœur de Korhogo au Nord de la Côte d’Ivoire, deux jeunes hommes originaires du Burkina Faso ont su créer un espace où la convivialité se mêle aux arômes alléchants de la cuisine de rue. Rasmané, le vendeur de poulet, et Hamidou Dicko, vendeur de grillade, perpétuent la réputation des Burkinabè comme les patrons de la grillade.
Rasmané a quitté Ouagadougou pour la Côte d’Ivoire avec un rêve en tête : devenir un grand cuisinier. A l’ombre d’un parasol coloré, il fait chauffer des poulets emballés dans un papier aluminium sur un grand grill. Depuis deux ans, il braise ses poulets dans un coin de rue au quartier 14 de Korhogo. Le jeune homme accompagne ses poulets braisés d’une salade fraîche pour le plus grand plaisir de ses clients. Rasmané propose aussi des boules d’attiéké, une semoule de manioc populaire en Côte d’Ivoire, pour ceux qui veulent l’utiliser comme accompagnement. « J’arrive à m’en sortir », dit-il tout fier.
Chaque poulet vendu est un pas de plus vers son objectif. Car, l’homme est un aspirant chef. « J’ai envie d’être un grand cuisinier. C’est pour cela que je suis venu à Korhogo. Si je gagne les moyens, je vais retourner au Burkina Faso, me débrouiller là-bas », raconte-t-il. Ce commerce permet à Rasmané de soutenir sa famille restée au pays. « Je peux faire mes petites dépenses, envoyer l’argent pour ma maman pour qu’elle puisse faire ses dépenses. Tout marche bien », poursuit-il.
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Contrairement aux habitudes à Ouagadougou, Rasmané vend le poulet en plusieurs portions pour le rendre accessible à toutes les bourses. Le quart de poulet est vendu à 1000 francs CFA. « Les gens trouvent souvent que le demi poulet à 2000 francs CFA est trop cher. Ils ne comptent pas les dépenses pour les cubes, l’oignon, le papier aluminium », explique-t-il.
Malgré certaines difficultés comme les clients qui rechignent parfois à payer le juste prix, Rasmané reste optimiste.
Hamidou, maître du choukouya
Rasmané n’est pas le seul. Dans cette ville, Hamidou Dicko est considéré comme le gardien de la flamme du choukouya, de la grillade de bœufs ou de mouton. Devant son commerce dans un quartier de la cité dit du Pôrô, l’homme, la quarantaine, vêtu d’un maillot vert de l’équipe nationale du Burkina Faso, coiffé d’une casquette et protégé par un masque, manipule de la viande avec des pinces sur un grill alimenté par une grande flamme. Du fait de la concurrence, il faut surveiller ces carcasses pour maintenir la qualité, le bon goût naturel, savoureux et fondant de la viande.
Son engagement pour cette activité dont il a hérité de ses parents est sans faille. « On ne connaît pas autre travail si ce n’est pas cela. Nous avons repris le travail de nos parents. Même si je retourne au pays, c’est le même travail que je vais faire », assure Hamidou. Avec quatre personnes comme employés dont certains de sa famille, il a aussi à l’idée de perpétuer ce savoir-faire familial.
Boukari Ouédraogo