Bintou Kagoné est une femme entrepreneure qui ne manque pas d’idées pour faire vivre son restaurant à Ouahigouya, au Nord du Burkina Faso. En plus de proposer des plats traditionnels, elle innove avec des spécialités à base de produits forestiers non ligneux, qu’elle transforme elle-même. Elle pratique aussi l’élevage, le service traiteur et la vente de vin.
Dans le hall du réfectoire du restaurant dont elle est la propriétaire, Bintou Kagoné, un groupe de quatre personnes vient de s’installer. Bintou donne les consignes à ses employés. « Apporte une bouteille de bière ici », lance-t-elle à l’une d’elles en indiquant la table où se trouvent les clients. Puis, elle se dirige vers la cuisine pour préparer la commande : « C’est de la soupe qu’on vient de me commander, je vais la faire tout de suite ».
Dans ce restaurant situé dans un quartier de Ouahigouya, Bintou propose plusieurs sortes de repas, notamment traditionnels. Elle ne se contente pas de servir des plats traditionnels. Elle propose aussi des spécialités à base de produits forestiers non ligneux, comme le Tchèguelega, des feuilles de balanitès, qu’elle transforme elle-même. Elle assure également l’ambiance du réfectoire avec son sens de l’humour et sa bonne humeur.
Des clients satisfaits
En plus de la restauration, Bintou pratique l’élevage. Elle a acheté des tas de tiges de mil pour nourrir son bétail, mais elle les utilise aussi pour renforcer le toit du réfectoire. Un lieu confortable pour dîner.
« Il n’y en avait pas. Mais elle a dit qu’il y en a. Souvent il n’y en a pas mais on dit qu’il y en a juste pour faire venir les clients. Mais on est venu là, on a trouvé. J’ai trouvé aussi que le service était bon », témoigne Eloi Zoundi, un client qui apprécie bien cet espace pour son cadre rustique mais original.
Bintou ne s’arrête pas là. Elle prépare aussi ses marchandises pour la prochaine foire d’exposition des produits forestiers non ligneux. Pour être prête à la date prévue pour l’évènement, cette dame battante a engagé Saïdou Bagaya, un jeune homme qui colle des étiquettes sur ses emballages. « Je ne fais pas ça gratuitement pour Bintou, elle me rémunère. Je ne peux pas dire ça directement mais je gagne quelque chose quand même ; ce n’est pas cadeau », fait savoir Bagaya.
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Cette entrepreneuse a investi 100 000 F CFA dans cette activité. Elle espère en tirer le double du bénéfice. Le couscous de Tchèguelega est bien apprécié. Mais il est désormais difficile pour Bintou de se procurer la matière première.
« On n’en trouve même pas. Ce que je suis en train de faire, j’ai mis 100 000 F CFA dedans. Si ça marche, je vais avoir 200 000 F CFA. Donc le bénéfice, c’est comme cela que je me débrouille pour vivre. Ça ne me fatigue pas. Là où je peux avoir 5 francs moi je rentre là-bas », avance-t-elle.
Bintou est aussi responsable d’un service traiteur et patronne d’un vindrome, cave à vin, situé au secteur 10 de Ouahigouya. Malgré le contexte sécuritaire qui affecte la ville de Ouahigouya, le chiffre d’affaire de Bintou ne se porte pas mal. Elle est une opératrice économique réputée à Titao, où elle est présidente de l’Association des Veuves de la commune depuis 2001.