Des déplacés internes à Kongoussi, qui étaient jardiniers dans leur localité d’origine, ont eu la possibilité de continuer à faire la même activité. Pour ce faire, ils travaillent pour un propriétaire d’espace avec qui ils partagent les recettes après la vente des récoltes.
Le Burkina Faso fait face à une situation sécuritaire difficile qui se déteint sur le plan socio-économique. Avec 2 062 534 personnes déplacées internes, selon les chiffres du Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (SP/CONASUR) à la date 31 mars 2023, il est facile d’imaginer les difficultés.
Toutefois, Certains déplacés dont des femmes, venus et de diverses localités, ont pu obtenir des terres et font du maraîchage à Kongoussi. Ces déplacés n’ont pas eu besoin d’un temps d’apprentissage dans cette pratique vu que, à les en croire, c’était leur gagne-pain lorsqu’ils étaient chez eux. Mais ça ne passe pas sans difficultés à Kongoussi.
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Adjarata Gansonré, mère de neuf enfants et déplacée depuis deux ans a pu obtenir un lopin de terre chez Souleymane, en même temps qu’une quarantaine de déplacés internes. Cette dame y cultive de l’aubergine, du haricot, de la tomate. Elle confie que « l’espace ne suffit pas pour cultiver ». Aussi, elle regrette qu’il est difficile que leur hôte prenne soin de sa famille « (…) et d’offrir de l’hospitalité aux étrangers ».
Boukaré Ouédraogo, un autre déplacé interne qui exploite un bout de terre sur les 2 ha de Souleymane, évoque une autre difficulté : « (…) c’est juste une portion qu’on nous a donnée pour cultiver. Ça ne me suffit pas. Il n’y a pas assez d’espace à donner aux étrangers pour leur permettre de cultiver », avance-t-il, l’air amer. Ayant déjà en charge ses deux épouses et leurs 12 enfants, Boukaré affirme que le manque de moyens financiers est le véritable souci. « On n’a pas assez de moyens pour acheter le matériel nécessaire pour le travail », déplore-t-il.
Qui gagne quoi?
Souleymane Gansonré, qui accueille les déplacés internes maraicher-cultures, explique que ceux-ci sont venus demander de l’espace pour cultiver et « j’ai fait de mon mieux pour diviser des espaces pour eux, pour leur permettre de cultiver ». Il ajoute que chaque déplacé interne a un espace pour cultiver et il met à leur disposition le matériel nécessaire pour cultiver.
Pour ce qui concerne les gains, Souleymane, assis sur une natte au milieu de ses collaborateurs, en majeur partie déplacés internes, avec qui il travaille depuis environ trois ans, détaille que « lorsqu’ils finissent de cultiver, et qu’on passe à la vente, on enlève l’argent de nos dépenses et le reste de l’argent, on se partage ».
Adjarata, déplacée interne travaillant chez Souleymane, confirme que lorsqu’ils prennent le matériel pour cultiver, le propriétaire du matériel, à l’heure du partage des bénéfices, « enlève sa part et nous donne le reste de l’argent. C’est comme ça nous travaillons ». De l’avis de Souleymane, avec la présence des déplacés internes, il y a « plus de bénéfice qu’avant ».
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Environ 40 déplacés travaillent avec Souleymane dans un champ d’une superficie d’environ deux hectares. Mais, il dit ne pas souhaiter que cette situation perdure : « Je ne souhaite pas qu’ils restent ici parce que nous souhaitons que le pays retrouve sa stabilité pour qu’ils repartent, c’est ce qui est bien ».
Le propriétaire de l’espace analyse également qu’avec la situation sécuritaire, les populations sont concentrées à Kongoussi, province du Bam, ce qui a comme conséquence première, la réduction des espaces exploitées. Il poursuit que la quantité produite dans les champs de la région s’en trouve diminuée, et cela fait augmenter les prix et en plus ce ne sont pas toutes les variétés qui sont cultivées.
Boureima Dembélé