Arzantiga en mooré ou arzenayiri en bambara, qui signifie dans les deux langues « l’arbre du paradis » est utilisé pour désigner le moringa, arbre aux vertus multiples. Ce complément alimentaire, utilisé pour lutter contre la malnutrition chez les enfants sert aussi à soigner plusieurs types de maladies chez les personnes de tout âge. A Réo, à près de 2 heures de route de Ouagadougou, une coopérative a mis en place un business pour écouler le produit et se faire des revenus.
11 heures à « La case d’accueil », orphelinat situé à l’entrée de la ville de Réo, Centre Ouest du Burkina Faso. Là, des pensionnaires gambadent dans un petit espace entouré d’une clôture en bois colorés aux couleurs rouge, jaune et vert. C’est une barrière protectrice pour empêcher le contact direct avec les enfants dans leurs espaces de jeu.
A l’écart, Yvette, nom d’emprunt, une petite fille, une vieille peluche abimée en main, le regard inquisiteur, semble intimidée par ces visages inconnus. Il y a quelques semaines, lorsqu’elle arrivait à l’orphelinat « La case d’accueil », elle n’avait pas si bonne mine. Mais dans ce centre, une potion magique permet de remédier à ce problème : le moringa, arbre du paradis ou encore arbre de la vie est réputé pour ses vertus thérapeutiques et culinaires. Yvette n’est pas le seul enfant à profiter des valeurs nutritives du moringa.
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« Nous avons eu des enfants qui n’étaient pas bien. Mais grâce au Moringa, nous avons pu les sauver. Il y a trois cas d’enfants malades que nous avons pu sauver grâce au moringa », explique Abdoul Wahab Ouédraogo, le responsable de « La case d’accueil ».
Pendant que les enfants continuent de s’amuser sous le regard protecteur de Abdoul Wahab, Henriette Kaboré, la quarantaine, s’active pour la cuisson du déjeuner du jour : des pâtes alimentaires au menu. Comme tous les jours au déjeuner et au diner, le repas sera saupoudré de moringa. Une précision tout de même. Il faut saupoudrer après cuisson mais trop chaud pour éviter de perdre les valeurs nutritives de l’arbre du paradis. Pourtant, tous semble en bonne santé.
A « La case d’accueil » de Réo, il est utilisé comme complément alimentaire pour les enfants. « Ici, nous utilisons le moringa parce que ça donne de l’appétit et de la force à l’enfant. Avec ça, ils sont bien nourris. Si c’est un enfant maigre, nous pouvons utiliser trois fois, le matin, à midi et le soir. Mais pour ceux qui sont en bonne santé c’est deux fois », précise la jeune dame. « Nous utilisons aussi le moringa pour soigner les enfants atteints de diarrhée. Nous faisons bouillir les feuilles et nous leur faisons boire », complète Wahab dont la confiance au moringa semble immuable.
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A 100 m en face de « La case d’accueil » est installée une coopérative d’exploitation du moringa. Ce matin, Roseline Kansolé et sa collègue sont revenues de la ferme de production et épluchent, l’air pressée les feuilles de moringa, installées à l’ombre d’un arbre. Elles transformeront ensuite le moringa en poudre, empaquetée et vendue.
Le marché est promoteur selon elle. La productrice espère en tirer beaucoup de bénéfices parce que « l’arbre de la vie » est très demandé sur le marché, des feuilles aux racines en passant par les fleurs. « Les graines de moringa sont utilisées contre l’hypertension et le diabète. L’huile issue de l’extraction des fleurs du moringa est utilisée comme anti-inflammatoires. Elle soigne aussi la toux, la pneumonie. Quant aux racines, elles soignent la prostate », assure Roseline avec conviction.
Mythe ou réalité ? Carine Traoré, nutritionniste est formelle sur les valeurs nutritives de l’arbre miracle: « Le moringa est riche en vitamine D et E en antioxydant, en potassium et en calcium. Tout cela réuni va permettre de booster le système immunitaire. Cela veut dire qu’il va améliorer notre résistance au quotidien ». Pour le spécialiste, le moringa est un super aliment efficace et indiqué pour lutter contre la malnutrition et plusieurs autres maladies.
Boukari OUEDRAOGO