La ville du Sebba, dans la province du Yagha, région du Sahel se meurt. Les populations vivent un blocus depuis le 25 juin 2022. Cette situation causée par des groupes armés occasionne une pénurie de tout dans la ville qui suffoque et appelle au secours.
A Sebba, les habitants sont en manque de tout. Surtout de vivres. Pour ravitailler la ville, il était prévu un convoi, malheureusement ce ravitaillement a été ajourné. Un autre coup et une énorme déception pour les populations. « Quand on a appris qu’il n’y aura plus de convoi de ravitaillement, c’était la déception totale car le problème s’est encore aggravé dans la ville. C’était la souffrance partout pour avoir accès à la nourriture. Pour ne pas mourir de faim, certains habitants ont même mendié », déplore, Amadou Bokoum, instituteur.
Selon lui, le convoi annoncé était l’espoir de la ville. Aminata Seydou est restauratrice au secteur 2 de Sebba. Elle a cessé toute activité par manque de matière première. C’est désormais une restauratrice au chômage qui, elle-même a faim.
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« J’ai arrêté de préparer il y’a longtemps, par manque de vivres. Malgré cela, chaque jour beaucoup de personnes viennent demander à manger. Je leur réponds que moi aussi je cherche à manger. C’est difficile je n’ai pas de quoi préparer pour vendre. Malgré tout ils refusent de partir de mon restaurant, ils disent avoir fait des jours sans manger », raconte la restauratrice, impuissante.
Cette situation a rendu encore plus pénible les conditions de vie des populations de cette ville du Sahel. « Au marché tout est fermé, seuls les bouchers sont présents avec un peu de viande. Même le sucre pour préparer du thé, il n’y en a pas. Nous préparons ici notre thé avec du miel ou des bonbons », soupire-t-il.
Une surenchère pour des commerçants
Une poignée de commerçants disposent encore de quelques stocks. Ces derniers profitent de la situation pour doubler, voire tripler le prix des marchandises. Par exemple le sac de riz de 50kg est vendu entre 40 000 et 45000 franc CFA. Le litre d’huile est cédé à 3000f CFA. Le kilogramme de sucre est vendu à 2000 F CFA.
Quant au mil et au maïs, céréales les plus consommés, ils sont pratiquement introuvables. C’est le supplice pour la majorité de la population, notamment les personnes âgées dont l’alimentation est faite de pate de farine de maïs ou de mil (tô). Abdou Karim Hama est boutiquier installé non loin d’une station d’essence de Sebba.
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Il déplore également que le blocus ait asphyxié la ville depuis plus d’un mois. Il dit ne pas comprendre l’annulation du convoi longtemps annoncé et impatiemment attendu par des milliers d’habitants qui ne savent plus où mettre de la tête. « Il faut vivre pour comprendre les réalités de la population de Sebba aujourd’hui », soupire le jeune homme.
Pour alourdir davantage le fardeau de la ville, les populations des villages environnants de Sebba, acculées par les groupes armés, se sont déplacées dans le chef-lieu. Parmi ces déplacés, beaucoup dorment à la belle étoile, faute de logement, en cette saison des pluies.
Des besoins supplémentaires pour une ville déjà débordée par ses problèmes. Si la situation ne change pas dans les jours à venir, Abdou Karim Hama dit craindre le pire surtout pour les populations vulnérables qui ne pourront pas supporter la faim.
Moussa Boureima (correspondant)