Une fois toutes les semaines. C’est la périodicité des marchés dans les quartiers de la ville de Ouagadougou. Ces marchés hebdomadaires ont su s’imposer comme des rendez-vous économiques incontournables pour les populations. Chaque jour de la semaine est animé et rythmé par ces marchés qui proposent plusieurs articles à des prix abordables.
Dès 7h du matin, Amado, vendeur d’ustensiles de cuisine, est déjà au marché de Pissy, un quartier populaire de la ville de Ouagadougou. Balai en main, il identifie une place libre pour le rendre propre. Puis étale ses articles. Le jeune homme n’a pas, en effet, de place fixe dans ce marché. Son quotidien : sillonner les marchés et yaars qui se tiennent de façon hebdomadaire du lundi au dimanche. Ces marchés dits hebdomadaires ont lieu dans presque tous les arrondissements de la capitale Burkinabè.
En ces lieux, on trouve une large variété d’articles pour femmes, hommes et enfants. Des pagnes, de la friperie, des ustensiles de cuisine, des tabourets, des produits de la pharmacopée, des œuvres d’art, de la lingerie, des chaussures, des produits cosmétiques, des vivres et même des secrets de femmes. Difficile de se frayer un passage en ces lieux qui grouillent toujours de monde. Etalages anarchiques par ici, pousses-pousses par là ou encore des marchandises disposées à même le sol. Un désordre entretenu qui crée souvent des heurts entre passants et marchands.
A chacun son tour
Des marchands de tout âge, assis où se baladant les articles en mains, ne manquent pas d’user de stratégie pour attirer la clientèle. « Venez voir il y a des robes climatisées. Si tu portes une de mes robes, la chaleur même te fuit et la fraîcheur s’installe », laisse entendre Aziz Zoromé, vendeur de robes au marché de Pissy qui se tient tous les jeudis.
Le quartier Songnaaba ouvre le bal des marchés hebdomadaires le lundi. Le mardi, les commerçants et des clients se ruent vers les marchés de la Zone1, Boassa et Zagtouli. Les quartiers de Nonssin et Tanghin quant à eux accueillent à bras ouverts les populations le mercredi comme jour de marché. Le jeudi est réservé au marché du quartier Pissy et vendredi ouvre ses portes aux commerçants et clients de la zone de Bonheur ville.
Le samedi a lieu le marché de Somgandé et Cissin et le dernier jour de la semaine dimanche rassemblent les populations de Wayalghin, Toudwéogo et Kalgondé.
« Vendre tous les jours de marchés pour mieux rentabiliser »
Les marchés hebdomadaires sont un rendez-vous économique incontournable et nécessaire pour certains marchands et marchandes. Pour Pauline Barro, vendeuse d’ustensiles de cuisine et de gobelets, ces marchés constituent des lieux stratégiques pour écouler sa marchandise. Sans boutique fixe, la jeune femme tourne du lundi au dimanche dans les marchés de quartiers pour vendre . « Je n’ai pas les moyens de louer une boutique pour mon commerce. Je vends de marché en marché pour écouler mes plats et mes gobelets. Cela est fatiguant car je suis tout le temps mobile dans les marchés du lundi au dimanche mais je rends grâce à Dieu j’arrive à vendre le maximum de mon stock », confie-elle en précisant s’offrir un petit temps de repos les dimanches.
Ousmane Ouaré quant à lui, est un marchand ambulant de chaînes, bracelets, bagues. Il indique comme Pauline tourner dans les marchés pour une question de stratégie et contrairement à elle, il cible les marchés pour y faire son commerce. « Il faut être rusé quand on cherche l’argent. Si je veux me contenter des marchés ordinaires je ne pourrai pas vendre. Pour mieux rentabiliser, je cible les marchés tels que ceux de Pissy, Zone 1, Nonssin, Songnaba et Cissin où je trouve qu’il y a plus de monde », explique-t-il.
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Joëlle Sankara affirme faire de bonnes affaires et rentabilise plus dans ces marchés hebdomadaires. « C’est dans ces marchés que je fais de bonnes recettes. Le lundi, je suis à Songnaba, Mercredi à Tanghin et jeudi à Pissy. Le reste du temps je me repose », souligne la vendeuse de parfums et de savons pour lessive.
En plus des commerçants burkinabè, les marchands de la sous-région vivant au Burkina Faso y font également de bonnes affaires. Ayant souvent des difficultés à installer leurs commerces dans des boutiques physiques, ils préfèrent également tourner dans ces marchés à l’image de Kadidia Sanogo, vendeuse malienne de secrets de femmes. Les mains chargées de ‘’baya’’ ou perles de reins, la brouette remplie de tisanes et d’encens, la jeune dame fréquente les marchés de Wayalghin, Tanghin, Somgandé, Toudwéogo. « Tourner dans les marchés me permet de diversifier ma clientèle et de mieux gagner de l’argent. Les prix de mes articles varient d’un marché à un autre et je gagne plus d’argent », laisse-t-elle entendre.
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Ceux qui fréquentent ces marchés pour leurs achats se frottent les mains. Certains préfèrent même attendre les jours de ces marchés pour faire leurs achats. « Je préfère faire mes achats pendant les jours de marchés. Les articles y sont moins chers et de qualité », indique Adeline Sawadogo, étudiante.
Edith Bictogo fréquente les marchés tels que ceux de la zone1, Wayalghin et Kalgondé. Elle y va pour se procurer de la friperie pour enfants et des savons de toilettes qu’elle revend devant sa porte au quartier. « J’attends souvent les jeudis ou les samedis pour me rendre aux marchés de Pissy et Cissin pour acheter du savon en gros et de la friperie pour revendre en détails au quartier et me faire un peu d’argent », indique-t-elle en se réjouissant de se ravitailler à moindre coût.
Souleymane Zongo reconnaît aussi les marchés hebdomadaires sont relativement moins chers que les autres. « J’ai acheté un pantalon jean à 2000F une chemise à 1000F et des chaussures à 1500F. Je me suis sapé et mon habillement a été apprécié au service et à la maison. Alors que les gens pensaient que j’ai dépensé beaucoup pour la tenue je l’ai eu à moins de 5000F au marché de Pissy », confie-t-il tout joyeux.
Attention, voleurs dans la foule
Lieux de grands rassemblements, les marchés hebdomadaires pullulent souvent de voleurs. A en croire Ousmane Ouaré, certains ‘’petits voleurs ‘’ se faufilent dans la masse et profitent de l’inattention des uns et des autres pour dérober des articles sur les étalages, les charrettes et pousses-pousses. Ils vont jusqu’à mettre de façon subtile leurs mains dans les sacs des clientes. « Ces petits voleurs ont développé toutes les stratégies possibles pour dérober. Parfois ils viennent s’asseoir à proximité de ton étalage pour mieux te voler quand des moments d’inattention se présentent », fait-t-il savoir.
Edith Bictogo, choquée par sa mésaventure au marché de Pissy, estime être devenue très méfiante et plus prudente quand elle fait le marché. « Je me suis rendu au marché de Pissy pour faire mes achats. Etant à ma première fois, j’ai été agréablement surprise quand des jeunes m’ont abordée pour me proposer de porter les achats en échange de quelques pièces. Pour moi c’était une bonne chose de chercher à s’en sortir dans la vie. J’étais loin d’imaginer que ces jeunes avaient bien ficelé leur plan pour me voler. L’un portait mon sac de marché et l’autre m’a coincé vu le nombre de personnes. Très subtilement il a retiré mon portemonnaie et c’est après leur départ que je m’en suis rendu compte mais il était déjà tard », relate-t-elle avec peine.
Les marchés hebdomadaires sont le carrefour des commerçants et des clients dans les différents quartiers. Ces lieux d’échanges sont bien connus pour proposer des articles à la portée de la bourse du citoyen lambda. Ces marchés constituent également des lieux de réseautage entre les commerçants et les clients mais surtout entre commerçants.
StudioYafa avec MoussoNews