Ils sont jeunes et ont choisi l’agriculture comme formation initiale. A une dizaine de kilomètres de Bobo, l’Ecole nationale de formation agricole de Matourkou forme des agents, des techniciens et des ingénieurs en agriculture. Au fil des années, les effectifs de l’établissement se sont rajeunis, ce qui témoigne de l’intérêt des jeunes pour le travail de la terre.
Chaussées de bottes, Elisabeth Kanko et Salimata Traoré font le tour de leurs parcelles d’expérimentation d’une variété de tomate. Elles observent avec minutie les différentes plantes. Plus tard, sur un livret, elles feront un rapport. Entre les salles de cours et le terrain, les deux jeunes filles comme d’autres renforcent leurs connaissances. Après leur réussite au Bac, elles ont décidé de venir apprendre comment tirer un meilleur profit de la terre. Chacune a une histoire particulière dans son rapport avec l’agriculture.
« Toute ma famille cultive. J’ai donc décidé de venir apprendre les méthodes innovantes d’agriculture pour aller améliorer les anciennes pratiques », explique Elisabeth Kanko, originaire de Réo et en deuxième année d’Agent technique en agriculture.
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Passionnée d’agriculture depuis toute petite, Salimata Traoré, elle, dit n’avoir pas eu la chance d’avoir des parents agriculteurs. Alors après son Bac, elle n’a pas hésité à s’inscrire sur titre dans cette école de référence. « Les parents me soutiennent, l’agriculture c’est tout. Si on n’a pas à manger, on ne peut rien faire », dit avec enthousiasme celle qui est inscrite en technicien supérieur d’agriculture.
Un secteur attrayant
L’Ecole nationale de formation en agriculture de Matourkou existe depuis le 13 Juillet 1963. Au fil des années, les effectifs ont non seulement rajeuni, mais aussi grossi. Selon l’ancien directeur générale de l’institution, Denis Ouédraogo, les effectifs du départ ont été multipliés par 8 voire 10.
Le formateur en restauration des sols, Célestin Rayaisse a fait le même constat. « Avant, c’est nous-mêmes qui partions à la recherche des candidats. Actuellement, nous refusons du monde. C’est pour dire qu’actuellement les jeunes s’intéressent de plus en plus à l’agriculture et cela nous réjoui», dit-il.
Il explique cela par l’évolution des mentalités. « Avant l’agriculture était vu comme un secteur non rentable, la tendance a changé. On constate que ceux qui se lancent dans l’agriculture s’en sortent mieux que les fonctionnaires même. Les gens d’un certain niveau reviennent à la terre », poursuit-il.
Une offre pour tous les niveaux
Cette année, Elisabeth Kanko finira sa formation. Nantie de plusieurs connaissances, elle dit être pressée de partager son savoir-faire avec ses parents et monter son propre business pour employer des jeunes. « Nous ne pouvons pas être tous dans des bureaux. Il faut développer d’autres initiatives pour se développer. En apprenant des techniques innovantes d’agriculture, je peux améliorer la pratique de mes parents, m’auto employer et employer d’autres personnes », projette la jeune dame.
En plus de l’agriculture, les pensionnaires de l’Ecole nationale de formation de Matourkou sont formés en élevage sous toutes ses formes et en techniques de récupération de sols.
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Tiga Cheick Sawadogo