Dans la nuit du dimanche 20 Août 2022, des inondations ont détruit plusieurs maisons d’habitation et des boutiques sur la route nationale numéro 1 reliant Ouagadougou à Bobo Dioulasso. L’incident qui s’est produit à la sortie de la ville de Boromo a détruit plusieurs concessions, des boutiques, des champs, laissant présager une crise alimentaire dans la zone.
Le village de Heredougou, à la sortie de la commune de Boromo est désormais un tas de ruine. Sur le site qui servait de gare routière au bord de la route nationale numéro 1, presque toutes les habitations se sont effondrées. Partout, des décombres. Des toiles arrachées gisent sur le sol boueux. Une machine à moudre est restée sous les décombres.
D’un autre côté, un tricycle, partiellement embourbé semble être à l’abandon. Un hangar sous lequel étaient entreposés des sacs de charbon est partiellement détruit. Une maison d’environ 16 tôles, et une boutique construites en ciment sont tout de même épargnées. « Ce sont les deux maisons qui ont résisté », explique Lassané Niampa, le propriétaire.
« J’ai presque tout perdu »
Personne à Heredougou ne s’attendait à voir cette catastrophe. Dans la nuit du dimanche 20 août 2022, l’eau a envahi de façon brusque le village provoquant des inondations, surprenant des populations dont certaines étaient déjà endormies au moment des faits. « Les inondations se sont produites ici aux environs de 20 heures. Donc, nous étions toujours là, assis. Puis, l’eau a surgi de façon soudaine», raconte Lassané Niampa, témoin oculaire, visiblement abattu. « J’ai presque tout perdu. Pour ce qui concerne la volaille, je n’ai rien récupéré. J’ai aussi perdu des chèvres et des moutons qui ont été emportés par l’eau », ajoute-t-il. Sur près de 300 mètres, aucune maison ne semble tenir.
Les sinistrés ont trouvé refuge dans la cour de l’école, épargnée par les eaux. En cette journée du mercredi 25 août, la cour de l’école s’est transformée en cour d’habitation. Les ustensiles de cuisines et certains bagages sont entassés en désordre sur l’herbe verte. Quelques pagnes sont étalés alors que des plaques solaires sont exposées au soleil. Des pintades et quelques poules se promènent là. Dans les salles de classes, l’on peut entrevoir des bagages entassés pêle-mêle.
Du jamais vu
Le vieux Noaga Sankara, assis sous une longue chaise devant une classe observe l’air interrogateur et soucieux. Sa concession d’une dizaine de maisons s’est effondrée suite à cette inondation. « Nous n’avons jamais vu ça. Il y a eu une année où l’eau a débordé. Nous avions fui à l’époque par crainte d’inondations mais il n’y a rien eu. Nous sommes là, sans aucune issue », témoigne le septuagénaire. Ces inondations ont placé ces villages dans une situation d’insécurité alimentaire. Comme pour s’occuper, Safoura Seyni, 80 ans environs, produit des boules de beurre de karité. Le besoin de vivre est important. « Nous n’avons pas de toit pour dormir ni à manger. Ce sont des gens qui nous apportent à manger », fait savoir la vieille dame.
Lire aussi: Kongoussi : le calvaire des personnes déplacées internes confrontées aux pluies
Les champs n’ont pas été épargnés. Pour le prouver, Boukaré Sankara nous conduit dans son champ situé de l’autre côté du goudron. Les pieds de maïs, toujours envahis par l’eau, ont jauni. Son champ de près de sept hectares est détruit. « Au fond en brousse, tout est perdu. Il n’ y avait que du petit mil. Le petit mil a fini par brûler et le maïs est à terre », montre avec regret Sankara.
Des transporteurs piégés
Cette arrivée soudaine de l’eau a surpris également les transporteurs qui empruntent cette route très fréquentée. Le gouverneur de la région de la Boucle du Mouhoun, dans un communiqué, avait appelé les usagers de la route nationale 1 à la prudence. Dans ce communiqué, il avait prévenu que la rivière Balé a débordé de son lit. Malgré cet appel, les usagers ont été surpris. Certains ont été pris au piège, notamment au niveau pont du grand Balé. A quelques mètres de là, deux véhicules qui ont dévié de la route sont encore immergés dans l’eau. Un minibus de transport en commun et un véhicule de transport de marchandises. Le conducteur du camion a fait appel à des jeunes pour récupérer certaines marchandises.
Lire aussi: Inondations à Ouaga: colère et doléances de jeunes sinistrés
Des sacs de noix de coco, de gingembres, d’orange et parfois même des produits pharmaceutiques sont sortis de l’eau et transportés à Boromo à bord de tricycle. « C’est une grande perte », commente le conducteur bloqué ici depuis près de cinq jours.Les origines de ces inondations demeurent inconnues pour le moment. Cependant, l’hypothèse retenue par le gouvernement reste la forte pluviométrie enregistrée dans le bassin versant. La route fermée à la circulation durant cinq jours est réouverte depuis ce vendredi 26 août.
Boukari Ouédraogo