Les personnes déplacées internes sont souvent confrontées à des obstacles pour leur réinsertion socioprofessionnelle. De plus, des structures de la société civile mettent la main à la pâte dans l’élan d’aider ces personnes déplacées internes. Dans ce sens, l’Association Yaam la tuuma dont le siège social est à Kongoussi s’efforce de fournir l’équipement et les ressources nécessaires pour aider les personnes déplacées à reconstruire leur vie.
Une maison de fortune devant laquelle est dressé un hangar sert d’atelier à Mariam Ouermi, au secteur 1 de Kongoussi. Situé au bord d’une route, cet atelier ne passe pas inaperçu, avec des outils modernes à tisser disposés çà et là. Occupée à discuter avec une cliente venue pour des achats, Mariam debout et attentive, déploie tous ses efforts pour persuader sa cliente.
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La cinquantaine, Mariam est déplacée en provenance de Kora, une localité située à environ 7 kilomètres de Kongoussi. Avant de quitter son village, elle confectionnait et vendait des ensembles de linge, et des vêtements divers destinés aux nouveau-nés qui constituaient sa principale source de revenus. Obligée de fuir la mort en même temps que son business, elle s’est retrouvée sans rien dans sa localité d’accueil.
Comme Mariam, Salimata Kindo, quant à elle, trouvait ses revenus dans le jardinage. Mais face aux circonstances difficiles, elle avait besoin d’un coup de pouce pour continuer à tirer ses revenus de la terre à Kongoussi.
L’entrée en scène de Yam La Tuuma
Rendre les femmes encore plus belles, c’est le travail de Denise Sawadogo, coiffeuse depuis près de 11 ans. Mais son activité s’est retrouvée sur une pente raide à Kongoussi.
Et c’est là qu’entre en scène l’Association Yaam la tuuma. Cette organisation mène, depuis près de 30 ans, des activités au profit des populations dans les domaines de la santé, de l’éducation et l’autosuffisance alimentaire entre autres. Depuis 2019, du fait de la situation sécuritaire au Burkina Faso, elle a ajouté une corde à son arc. Désormais, elle œuvre pour l’autonomisation des personnes déplacées internes et celles vulnérables à travers des offres de formations, des financements et des dons de matériels de travail.
Le président de l’Association Yaam la tuuma du Bam, Inoussa Sawadogo, explique : « Avec l’appui d’autres ONG, on soutient des femmes, surtout celles qui sont dans le métier qui peuvent former. On s’est dit que si on forme une personne rapidement, la personne aussi peut aller exercer ailleurs et puis avoir des ressources pour gérer sa propre famille. On a soutenu aussi des femmes, dont certaines ont préféré faire le maraîchage, le petit commerce, l’élevage, le tissage, la coiffure ou la savonnerie… On a placé des jeunes dans les ateliers de menuiserie métallique et de menuiserie bois, de couture et de mécanique. Nous les formons aussi dans la gestion d’entreprise et nous mettons en place un comité de suivi ».
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Mariam Ouermi, sans perdre de vue sa cliente, la première de la journée selon ses dires, nous conte son histoire interrompue entre temps, par une visite de son époux. Elle témoigne qu’elle a bénéficié du soutien de cette association : « Quand j’étais chez moi à Kora je tissais. Quand je suis venue ici, j’ai contacté Yaam la tuuma. Ils m’ont aidée avec de la laine, des aiguilles et beaucoup de choses. Ça m’a très bien aidé. Grâce à eux, j’ai pu commencer mon activité et les gens m’ont connue ici. Je suis très contente ».
Mariam n’est pas la seule à avoir bénéficié du soutien matériel de l’association Yaam la tuuma à Kongoussi. Denise Sawadogo, coiffeuse est également bénéficiaire et cela a augmenté ses revenus. Son enfant allaitant sur les pieds, raconte que l’Association Yaam la tuuma l’a aidée avec des appareils pour la confection des perruques, des produits pour l’entretien des cheveux et des mèches… Son histoire, elle la raconte en donnant des instructions à des employées dans son salon.
« De quoi se loger, se nourrir et payer la scolarité de ses enfants«
A l’en croire, cela permet de faire plus de profit. « Au départ, j’épargnais 1000 FCFA par jour mais je suis passée à 2000 F CFA par jour. De plus, avant l’acquisition de ce matériel certains travaux étaient pénibles car je faisais tout à la main », confie-t-elle l’air fier.
Déplacée depuis 3 ans à Kongoussi Salimata n’avait pas les moyens nécessaires pour lancer son activité génératrice de revenus. Elle fait savoir qu’à cause du déplacement, elle ne savait que faire dans sa localité d’accueil. C’est là qu’elle a approché l’association Yaam la tuuma, afin d’obtenir de l’aide en matériel de maraichage.
C’est cette activité qui lui permet d’avoir de quoi se loger, se nourrir et payer la scolarité de ses enfants. Elle dit avoir ainsi bénéficié d’un dispositif d’irrigation et de semences. « A la fin de la saison, je peux avoir un bénéfice de 50 000 F CFA », avance-t-elle avec une mine grise, car, cet argent ne suffit pas à couvrir toutes ses charges.
Sans avoir une vie de rêve, ces déplacées internes arrivent néanmoins à se faire des repas quotidiens pour elles et leurs familles.
Boureima Dembélé