A Réo, commune située à 15 km de Koudougou dans la province du Sanguié, la préservation de l’identité culturelle est portée par une troupe de danse, Yipéné choc. Yipéné (don de dieu en lange nationale liélé) a été créé dans les 1998. Avec des pas de danse Binon, des jeunes perpétuent le riche héritage culturel de leur communauté.
A 16h, Yipéné choc est en pleine répétition sous un manguier. La troupe prépare un spectacle et se donne les moyens pour ne pas décevoir sa bonne réputation. C’est un groupe mixe, regroupant toutes les générations, chacun affecté à un rôle précis. Pendant que certains battent des tam-tams, d’autres jouent la flûte. Pendant ce temps, tout dégoulinant de sueur, des jeunes danseurs esquissent des pas. Le tout se passe dans la bonne humeur et sur chaque visage, se lit la fierté.
Zignon Bassolé est le chef de la troupe Yipéné choc qui existe depuis près de 30 ans. Selon lui, c’est l’héritage des plus anciens. « C’est depuis 98 que le groupe existe. Nous avons vu nos papas qui dansaient et utilisaient bien les instruments de la musique traditionnelle. C’est dans ce cadre que nous avons créé la troupe Yipéné choc. Nous animons dans les mariages, baptême, funérailles etc », explique-t-il.
Fierté de Réo et de la région, Yipéné choc est régulièrement invité dans des cérémonies, des festivals dans la province et bien au-delà.
Pour la pérennité de la culture locale
Au fil des ans, et dans le souci de préserver l’identité culturelle de Réo, des jeunes ont été accueillis au sein de la troupe et formés. C’est le cas de Bamouni Roméo Jeune étudiant en lettre moderne à Norbert Zongo de Koudougou. Il reconnaît avoir beaucoup appris au sein de la troupe.
« Moi j’ai commencé en 2003 à l’âge de 3 ans. Même un pas de danse je ne savais pas faire. Personnellement il y a eu beaucoup d’amélioration. Aujourd’hui même je chante. J’ai fait sortir 3 titres ; c’est d’ailleurs Grâce à la danse que j’ai connu voiture hein jusqu’à j’ai voyagé. Nous sommes allés à Koudougou, à Ouaga, à Bobo, à Sabou » dit-il, avant d’éclater de rire.
Roméo ajoute qu’au-delà de l’aspect festif, tout a un sens que seuls les initiés peuvent décrypter. Que ce soit la danse ou les sons émis par les instruments traditionnels de musique. « Souvent quand on balaie, la sueur sur le front c’est pour dire qu’il faut travailler à la sueur de ton front pour gagner à manger. Souvent tu peux te retrouver au milieu de mille personnes et on appelle ton nom par la flûte et on te dit certaines choses en remontant jusqu’à tes ancêtres pour que tu saches que c’est de toi on parle », poursuit le jeune étudiant.
Ces difficultés qui ralentissent les pas
Comme dans toutes les troupes de danse, Yipènê choc de Réo fait face à de nombreuses difficultés. La concurrence est rude, les prestations se font de plus en plus rares. « Pour éviter la disparition de la troupe, nous avons besoin de faire notre publicité, ce sont les moyens qui nous manquent. Avoir des prestations c’est un problème ; on se limite aux différentes cérémonies qui nous sont ouvertes », égrène Pierre Fulgence Bamouni, manager du groupe
Pourtant, la troupe bénéficie de l’appui des premiers responsables de la culture de la commune. C’est ce que confirme Yaya Ganemtoré directeur provincial en charge de la culture du Sanguié qui invite Ypéné choc et les autres troupes à prospecter les différentes possibilités de financement qui existent. « Fréquemment nous allons vers la troupe pour des appuis conseils et des échanges. Il a des fonds qui existent et qui permettent à ces troupes d’innover sur le plan de la chorégraphie, de bénéficier de nouveaux tableaux et de ressources financières assez conséquentes et enfin le fonds BBDA qui permettent à ces troupes de bénéficier de fonds» explique le premier répondant de la culture de la province.
Depuis sa création en 1998, la troupe Yipènê Choc de Réo a remporté plusieurs prix au niveau national. Le dernier en date, c’était en 2022 à l’occasion de la 4e édition du Festival International des Arts de la Scène et des Savoirs Endogènes (FIASSE) de Bobo. En 2014, la troupe a été sacrée à la Semaine nationale de la culture.
Safiatou Zong-Naba (Collaboratrice)