Sabou, commune carrefour située sur la route nationale n°1, dans la province du Boulkiemdé, à 88km de Ouagadougou. Située sur l’un des axes les plus empruntés du pays, cette commune, surtout célèbre pour ses crocodiles sacrés est aussi un centre d’affaires. Des femmes ont fait du commerce de rues un business. Elles proposent des légumes et divers produits aux passagers. Entre les risques d’accidents et les passagers qui partent sans payer, ces femmes essaient tous les jours de faire fructifier leurs affaires, pendant que la mairie réfléchit à les sortir de la rue.
Il est 13h à Sabou. Aminata Zongo (nom d’emprunt), pagne noué autour de la taille, est bien installée devant son étal d’oignons et de tomates aux abords de la plus grande voie bitumée de cette ville carrefour. L’ardeur du soleil de cet après-midi fait couler sur son visage de grosses gouttes de sueur.
Malgré la canicule, et les risques d’accidents, Amina fait des va-et-vient entre son étal et les véhicules qui s’immobilisent un peu plus loin. Consciente du danger permanent, elle l’est.
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« Ce sont des problèmes seulement, souvent tu es assise et tu vois des accidents se produire. Il arrive des moments où une voiture dévie la route et cogne quelqu’un. Lorsque tu vois ça, la peur t’anime », explique la vendeuse, la soixantaine bien sonnée.
Un peu plus loin sur le même alignement, Alimata Kaboré une autre vendeuse est assise sous un parasol. Elle s’affaire à attacher du soumbala dans des sachets plastiques. Elle aussi reconnaît que l’endroit n’est pas sans risque pour faire du commerce. « Les gens de la mairie nous ont assez aidés. Nous étions plus proches de la voie, ils ont demandé qu’on recule. Sinon être sur la voie c’est dangereux, c’est l’argent et de quoi nous nourrir que nous cherchons sinon ce n’est pas facile », affirme-t-elle, en jetant un regard lointain comme pour voir si un potentiel client n’arrive pas.
Au-delà des accidents
Vendre aux abords d’une grande route comporte des risques d’accidents, certes, mais ce n’est pas tout. Ces femmes racontent vivre d’autres mésaventures, notamment en termes de pertes. « Il y a un passager dans un car qui voulait des oignons pour 1000 FCFA. Lorsque je lui ai remis la marchandise le car est parti sans que je ne récupère mon argent. Mais ceux qui sont honnêtes, lorsque le car démarre avec ta marchandise et qu’ils n’ont pas pu payer, ils jettent la marchandise à travers la vitre. D’autres par contre partent avec la marchandise et l’argent », regrette la vendeuse.
Selon le Président de la délégation spéciale de Sabou, Abdoul Aziz Koara, la présence des femmes sur l’axe, malgré les risques a une raison. « Le marché central de Sabou est en reconstruction et c’est sur un site provisoire qu’on a installé les femmes. Ce site n’est pas bien organisé et c’est ce qui fait que d’autres se rabattent aux abords des grandes voies pour écouler leur marchandise », explique-t-il, avant d’ajouter que la commune a pris des mesures pour permettre à ces femmes d’exercer leurs activités dans les bonnes conditions.
« On dit de respecter la partie de l’accortement : 2 mètres et je pense que c’est respecté. Mais nous sommes en train de prendre des dispositions pour la réinstallation rapide des femmes au niveau du marché », rassure le Président de la délégation spéciale. Les vendeuses aux abords des grandes voies, bien que conscientes des dangers qu’elles encourent affirment ne pas avoir d’autres endroits pour écouler leurs marchandises. En attendant que les autorités communales trouvent des solutions pérennes pour éviter des désagréments, des sensibilisations sont faites pour minimiser les risques.
Safiatou Zong-Naba (Collaboratrice)