Nourridine Ouédraogo, un jeune talent, transforme des jeans ordinaires en chefs-d’œuvre artistiques. Le jeune homme, la vingtaine, s’inspire de personnages de dessins animés populaires pour donner une seconde vie à la friperie. Ses œuvres s’arrachent comme de petits pains.
Dans la cour de son père qui lui sert d’atelier au quartier Hamdalaye de Ouagadougou, Nourridine Ouédraogo est absorbé par son art. Devant lui, un pantalon en jean attend d’être transformé en une toile. D’une main sûre, il trace les contours d’un célèbre personnage de dessin animé belge : un schtroumpf. Le jeune garçon s’inspire d’une image sur son téléphone portable posé à côté de lui.
Sur sa table, une pile de jeans prêts à être réinventés. Divers outils éparpillés, dont des pots de peinture aux couleurs vives l’entourent. D’abord, il esquisse le personnage au stylo. Puis Nourridine applique une couche de peinture blanche. Son objectif est de faire resplendir les couleurs. « Cela va donner de l’éclat au jean. Quand ça va se sécher je vais mettre en deuxième couche avant de dessiner avec les peintures de couleurs », explique le jeune tout en poursuivant son travail.
Concentration et minutie
Après quelques minutes d’attente, une fois le tissu sec, le jeune artiste ajoute une seconde couche de blanc. Puis, avec patience et précision, il ajoute de la couleur à son œuvre tout en affinant les contours de son dessin. Lorsque le dernier coup de pinceau est donné, le résultat est éblouissant. Il examine le pantalon, un sourire de satisfaction éclairant son visage.
Nourridine n’est pas seulement un artiste, il est un innovateur dans l’âme. Face aux difficultés de trouver sa place dans le monde de la peinture de bâtiment, il a su se réinventer en donnant une nouvelle vie aux jeans usagés. « J’étais d’abord peintre en bâtiment. Mais à cause de mon jeune âge, les clients ne me faisaient pas confiance. J’ai eu du mal à trouver des marchés », raconte-t-il avec un léger sentiment de regret. Il décide donc d’explorer d’autres voies de réussite.
En attendant des jours meilleurs, il s’oriente dans le commerce de la friperie. Ce commerce aussi a du mal à prendre. « Alors, poursuit-il sa narration, J’ai essayé de mettre un peu de design et j’ai constaté que cela se vendait comme de petits pains. Donc, je me suis lancé dedans. J’ai voulu la faire différence avec ce qu’on voit à chaque fois sur le marché et cela a commencé à marcher ».
Un talent inné
C’est en 2022 qu’il s’oriente vers la customisation, armé de son talent inné mais aussi de quelques conseils de sa sœur et d’un mentor. « Ma sœur a fait une formation en dessin. Elle m’a enseigné les bases du dessin. Il y avait un grand frère dans le quartier qui m’a aussi appris à dessiner mais c’était la peinture sur bâtiment », précise-t-il.
Le succès n’a pas été immédiat. Au début, ses créations étaient sous-évaluées. « Certains clients voulaient acheter le pantalon customisé au même prix que la friperie qui tourne autour de 2500 à 3000 francs CFA », dit-il.
Mais une vidéo virale sur le réseau social TikTok a changé la donne, attirant l’attention sur son travail. « J’ai juste partagé une vidéo sur mon travail sur TikTok. La vidéo a fait le demi-million de vues. C’est comme ça que les gens m’ont découvert », révèle-t-il.
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Aujourd’hui, les commandes affluent, et Nourridine rêve grand. Il ne se contente pas de vendre localement. Il aspire à conquérir de nouveaux marchés hors du Burkina Faso, notamment. En attendant, le jeune homme partage sa connaissance avec Baker Ouédraogo, un élève en classe de seconde C au Lycée Mixte de Goughin à Ouagadougou. « Pour le moment, il m’apprend à dessiner sur les jeans. Après cela, on va passer à la peinture sur toile et sur les murs », espère le jeune garçon.
Les œuvres concernent essentiellement des personnages de dessins animés. « C’est à la demande de la clientèle », souligne-t-il. Les dessins basés sur l’art africain marchent selon ses propos.
Malgré des difficultés comme des clients réticents à payer le juste prix pour son art, Nourridine reste déterminé à exceller dans son métier. Il envisage d’ouvrir son propre atelier.
Boukari Ouédraogo