A Koudougou dans la région du Centre-ouest, les sachets plastiques inondent certains quartiers. La ville, à des endroits, donne l’impression d’être une poubelle à ciel ouvert. Malgré les nombreuses sensibilisations sur leurs conséquences sur l’homme et la nature, le péril plastique perdure et étouffe la cité du Cavalier rouge.
Il est 16 h au secteur 7 de la ville de Koudougou, aussi appelée cité du Cavalier rouge. Jeanne kiemtoré, vêtue d’une robe et coiffée d’un foulard, balaie la devanture de la maison familiale. Le visage légèrement couvert à l’aide d’une partie de son foulard, elle s’attriste de la multiplication des sachets plastiques qui lui rendent la vie difficile. « Ici en tout cas, c’est vraiment une poubelle. Presque partout, ce sont des sachets plastiques. Ce n’est pas du tout une bonne chose de les jeter partout car ce n’est pas joli », déplore la jeune dame.
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Ailleurs, même constat! Au quartier Burkina, le sachet plastique règne en maître. Assis dans un débit de boissons, Kassoum Sako regarde les sachets emportés par le vent. La voix plaintive, il en a appelle au bon sens des habitants et au changement des habitudes. « Il faut que l’on fasse pardon car même si les sachets sont gratuits, pour notre propre santé, il faut qu’on fasse attention. Malheureusement, on les jette au hasard. Tu vas acheter des tomates ; on met dans un sachet, la salade pareil ; tout ce qu’on achète, après utilisation, c’est jeté dans la nature », regrette-t-il.
C’est avec tristesse et impuissance que Aimé Thiombiano observe le phénomène prendre de l’ampleur. Inspecteur de l’Environnement dans la cité du Cavalier rouge, il égrène les conséquences multiples du péril plastique. « Lorsque les sachets se retrouvent dans la nature, il y a une pollution visuelle du point de vue esthétique parce que ça change le paysage. Quand ils sont brûlés, ça pollue l’air que nous respirons et ça aura des impacts sur la santé humaine. Quand ils couvrent le sol, l’eau qui tombe n’arrive pas à s’infiltrer alors que c’est cette eau qui alimente la nappe phréatique », relève-t-il, sans occulter les dangers pour les animaux qui dès qu’ils ingèrent les sachets plastiques courent le risque de mourir.
La peau dure des mauvaises habitudes
Plusieurs associations et mouvements, conscients du danger, ont initié des séances de sensibilisation dans la ville. Le temps passe, mais les habitudes ne changent pas. Du grain à moudre pour les autorités communales qui semblent à bout d’idée. « A plusieurs reprises des opérations de salubrité ont été organisées mais lorsque vous finissez, vous vous rendez compte le lendemain que les sachets plastiques commencent encore à envahir les espaces. Pour remédier à cela, nous avons prévu des ressources dans le budget », explique avec une certaine résignation le président de la Délégation spéciale de Koudougou, Jonas Mané. Il fait office de maire de la ville.
Le président de la Délégation spéciale l’avoue. Il n’est pas fier de voir ainsi sa ville. Jonas Mané annonce que la municipalité prévoit l’institution des journées de salubrité deux fois par mois pour débarrasser la ville de ce qui l’étouffe. « Il est prévu qu’on ait des concertations avec les commerçants qui vendent ces sachets afin de pouvoir relever ce défi », rassure-t-il.
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Au Burkina Faso, une loi interdit la production, l’importation et la commercialisation des sachets plastiques non biodégradables. Adoptée en 2014, elle vise à protéger davantage la santé et l’hygiène publique.
Safiatou ZONG-NABA (Collaboratrice)