Met fait à base de haricot, le faro ou gonré est rentré dans les habitudes alimentaires de bon nombre de personnes au Burkina Faso. A Bobo-Dioulasso, il est assaisonné avec une sauce, de la mayonnaise et est même mangé avec du pain. Un plaisir gourmand, source de revenus de certaines femmes.
Bien que situé à proximité du grand marché de Bobo-Dioulasso, le monde regroupé autour du commerce de Adjara Sanou n’est pas uniquement lié à ce haut lieu de l’économie de la deuxième capitale du pays. Des commerçants, leurs clients, des passants, constituent les petits gourmets de la vendeuse de faro au pain.
Une table donne face à la route, où sont disposées de grosses bassines de faro et de gnon. Tout autour, des bancs servant de places assisses du restaurant. Non loin de là, des fourneaux où de grosses marmites laissent échapper un doux parfum de faro au feu. De quoi aiguiser l’appétit de tous ceux qui sont dans les environs. Tel se présente le commerce de Adjara Sanou, vendeuse de Faro au pain.
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Le « faro » en dioula et « gonré » en mooré est une sorte de galette faite avec de la pâte de haricot cuite à la vapeur. Pour la préparation, Adjara explique qu’il faut trier les bons grains de haricot. Ces bons grains sont pilés pour enlever la peau et trempés dans de l’eau pendant deux heures ou deux heures et demi avant d’être transformés en pâte.
Et c’est cette pâte à laquelle on ajoute de la potasse, souvent de l’ail et bien des ingrédients qui cuite à la vapeur, pendant environ 45 mn, devient une matière solide à l’aspect d’un gâteau qui est le faro ou gonré. Une fois cuit, le faro se mange avec de l’huile ou une sauce, du sel et piment pour ceux qui en consomment. Mais il faut noter que certains y ajoutent de la mayonnaise et d’autres le mangent avec du pain.
Et pourquoi du pain avec le faro ? Elle explique : « Au début je vendais uniquement le pain. Ensuite, j’ai ajouté le faro. Entre temps quand les clients venaient, ils demandaient de mettre le faro dans le pain. Ce n’est pas moi qui ai créé cette combinaison. Ça existe à Bobo il y a longtemps ».
Les clients en raffolent
Et les clients semblent bien apprécier. Sorti pour faire le tour de la ville avec sa marchandise, car vendeur ambulant de montres, Mohamed Sanfo a fait une escale au coin de faro avant d’entamer sa journée. « Je veux du faro avec du pain. Ça vaut trois mois maintenant que j’ai essayé la combinaison. Je trouve que c’est très bon. Je n’ai jamais mangé le faro sans le pain. C’est mon petit déjeuner de tous les jours, avant de me promener vendre mes marchandises. Quand je mange, ça me permet souvent de sauter le déjeuner. Mais en général, je mange encore à midi ». Un autre, Issouf Sawadogo, commerçant au grand marché, confie être venu prendre son petit déjeuner. Il affectionne le faro au pain : « Je suis venu acheter faro avec du pain. C’est bon ! Manger avec du pain est encore plus bon».
Et Adjara, qui emploie trois jeunes filles, assure que cette activité, qui est son unique source de revenus, lui permet de prendre soin de son enfant. Elle confie faire une recette d’environ 20 000 F CFA par jour et cela varie en fonction du marché. Aussi, elle est formelle, aucun client n’est venu se plaindre chez elle de maux de ventre, après avoir mangé son faro au pain : « Les gens ne se plaignent pas de ballonnement après avoir mangé notre faro. Comme on prépare avec suffisamment de potasse, les gens ne se plaignent pas. Mais comme c’est le haricot, ce ne sont pas tous les organismes qui tolèrent ça ».
La matière première, le haricot, est toujours disponible. A tout moment de l’année. Par contre son prix ne fait que grimper cette année, regrette dame Adjara. « Actuellement, le prix de la boite est de 1200 F CFA et ça c’est très cher. Il y a eu un moment où j’achetais cette même boite à 300 ou 350 F CFA tout au plus », affirme-t-elle.
Boureima Dembélé