Dans la deuxième partie de cette interview, Cheick Omar Sawadogo insiste sur la sauvegarde périodique des données. Il suggère par ailleurs aux utilisateurs des réseaux sociaux, d’avoir des noms de domaine, de créer des blogs.
Que faut-il faire pour éviter de perdre ses données avec la suppression de son compte ?
Au Burkina, on a cette expression qui fait rire : « quand tu dors sur la natte du voisin, tu dors par terre ». C’est la même chose. Beaucoup de gens ont bâti leur image, réputation et business sur des plateformes sur lesquelles ils n’ont aucun contrôle. C’est quand même dangereux.
Le site web vous appartient, vous changez de plateforme comme vous voulez et vous l’hébergez où vous voulez. Tout vous appartient. Mais la page Facebook ou Instagram, le compte twitter ne vous appartiennent pas. Ça leur appartient et le jour où ils décident de supprimer, c’est fini.
La plupart des plateformes vous donne la possibilité de télécharger vos données. Il faut penser à le faire régulièrement. Vous pouvez mettre en place une forme de sauvegarde et suivant une périodicité que vous allez définir, vous téléchargez tranquillement vos données pour en faire une sauvegarde.
Je rappelle : avoir un compte sur twitter, Snapchat, Facebook, tik tok, Instagram ne suffit pas à assurer votre présence en ligne de façon sécuriser et permanente.
En plus de Instagram, on voit de plus en plus des message sur Facebook, invitant les utilisateurs à utiliser leur vrai nom…
Au niveau de Facebook, cela n’a pas commencé maintenant. Pour ceux qui connaissent Facebook au début, c’était très simple. Il y a des informations que vous n’aviez pas besoin de fournir à la création. Beaucoup ont créé leur compte en mettant juste leur numéro de téléphone. Maintenant c’est plus délicat.
Ils sont obligés de s’adapter parce qu’il y a des usages qui n’étaient pas prévus. Au Burkina on sait que ces dernières années, tout le monde a dénoncé les injures et comportements sur les réseaux sociaux. Pourquoi certaines personnes se permettaient de le faire ? Parce qu’ils avaient un anonymat. Ces derniers n’avaient pas leur vraie identité sur les réseaux sociaux. Ça pose un problème. Quelqu’un peut vous diffamer, vous insulter sans que nous n’ayez la possibilité de porter plainte. Cette mesure va donc permettre d’assainir les réseaux et de faciliter leur utilisation. Combien de personnes ont été arnaquées sur les réseaux sociaux parce qu’ils ont voulu acheter quelque chose…?
Mais il y a quand même le cas des artistes qui ne portent pas forcément leurs noms à l’état civil…
C’est vrai que ce n’est pas leur vrai nom. Mais dans nos pays, il y a des textes qui facilitent beaucoup de choses. Si vous avez un surnom ou un nom d’artiste, vous avez la possibilité de le faire mettre sur votre acte d’état civil.
Est-ce que ce travail d’assainissement pourrait également concerner WhatsApp ?
WhatsApp a un fonctionnement beaucoup plus différent. Là, c’est la messagerie. C’est basé sur un numéro de téléphone et cela découle de la gestion des numéros de téléphone dans nos pays. Vous vous souvenez, il y a quelques années, au début du terrorisme, les opérateurs avaient rendu obligatoire l’identification des abonnées. Ensuite, il était quasiment impossible pour quelqu’un de prendre un certain nombre de SIM. Aujourd’hui où en est cette mesure ?
Des conseils aux utilisateurs des réseaux sociaux?
Sur internet, tout a commencé par les pages personnelles, les blogs. Malheureusement avec le boom de ces plateformes, on a oublié la puissance d’un blog. Aujourd’hui vous êtes quelqu’un de connu, vous avez une page Facebook, créer un blog. Je suis, par exemple, déçu qu’au Burkina des personnes qui sont connues n’aient pas de nom de domaine. Ça ne coûte rien. Que ce soit un Bil Aka Kora, Alif Naba, Moussa Petit Sergent, Philo, tout le monde peut créer un nom de domaine en son nom. Faire un site web basique. Et tout ce qu’il met sur ses différentes plateformes, il les recopie là-bas. Et ça, ça vous appartient à vous et à vous seul.
Tout ce que vous produisez, vous donnez à YouTube, Instagram. Oui parce qu’il vous rémunère à quelque part, mais du jour au lendemain, ils peuvent décider de le supprimer. Si vous avez créé suffisamment de contenus, vous avez la possibilité de vous créer un blog qui va centraliser vos données. Et à partir du blog, vous partagez. Ensuite, il faut veiller à faire une sauvegarde régulière de vos données. Aujourd’hui un disque dur portable, ça ne vous coute rien.
Cela va rappeler aux gens qu’ils créent du contenu, mais que ce contenu malheureusement est cédé gratuitement. Ce sont eux qui font la force de ces plateformes. Et maintenant qu’elles sont suffisamment fortes, elles font ce qu’elles veulent.
Tiga Cheick Sawadogo