Une énième attaque sur la même route. Pratiquement le même mode opératoire utilisé par les assaillants. Des images effroyables. Une colère non contenue et une fumée de question sans réponse. Ainsi pourrait-on résumer les lendemains de l’attaque du convoi à Gaskindé, dans la région du Sahel. La toile burkinabè rumine et crie « mensonge » sur le bilan provisoire qui fait état d’une cinquantaine de disparus et exige la « vérité » dans la lutte contre l’extrémisme violent.
Jeune ressortissant de Djibo, Amadou Tamboura ne cache pas sa déception. Il rappelle l’espoir qu’avait suscité l’arrivée du Président Damiba au pouvoir. « M. le Président lorsque vous avez pris le pouvoir, nous avons tous clamé parce que les choses allaient bouger enfin pour notre province et pour l’ensemble du pays », dit-il avant de poursuivre avec ses incompréhensions.
« M. Le Président, nous n’arrivons pas à comprendre comment deux attaques ont été perpétrées sur le même (tronçon) en espace de 21 jours (le lundi 05 septembre et le lundi 26 septembre 2022). Qu’est ce qui n’a pas marché ? Pourquoi cela est arrivé du moment où l’attaque du 05 septembre a coûté la vie à plus de 35 personnes ? », interroge le jeune vainement sur les réseaux sociaux.
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Il fait partie des Burkinabè les plus suivis sur Facebook : Alino Faso. Lui également n’a pas pu se retenir au lendemain de l’attaque. Dans une lettre, il marque son indignation et prodigue des conseils au Président Damiba pour qu’ils se départisse des querelles politiques et autres agendas de la réconciliation pour se concentrer uniquement et exclusivement dans la lutte contre le terrorisme. « Monsieur le président je suis peut-être alarmiste mais ce pays court tout droit dans la catastrophe si nous continuons à nous MENTIR (…) Monsieur le président le peuple est très FÂCHÉ », prévient l’internaute.
« Les jours se succèdent et se ressemblent dans mon Sahel, les deuils s’enchaînent et les douleurs se multiplient ! Dans la brousse, dans nos cases, sur nos routes et dans nos villes, nous ne sommes plus en sécurité nulle part », peint pour sa part Maréchal Dicko le Sahélien avant de rassurer que le Burkina s’en sortira certainement, «mais combien d’entre nous seront encore là ? », enfonce-t-il.
La vérité pour gagner la guerre
Le journaliste et ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Newton Ahmed Barry lui rappelle que « C’est à Djibo que tout a commencé. C’est à Djibo que nous gagnerons la guerre contre le terrorisme ». Mais pour ce faire, il conseille d’avoir le courage de changer de stratégie de lutte contre le terrorisme et de rester souder « autour de la vérité », sans quoi « le mensonge ne nous mènera que dans l’abîme ».
L’exigence de vérité est partagée par le lanceur d’alerte Wendpouiré Charles Sawadogo. « L’avantage de dire toujours la vérité est que le jour que tu te trompes, on te comprend(…) L’inconvénient de mentir est que le jour que tu dis la vérité, personne ne va te croire », fulmine-t-il sur sa page. Dans un autre post, il s’étonne que l’autorité n’ait pas réussi à dresser un bilan provisoire, 24 h après cette « lâche attaque ».
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Même étonnement teinté de complainte par Rasmané Zinaba. « Malheureusement jusque-là tout le peuple est dans le doute, le flou et malheureusement s’adonne aux rumeurs qui circulent. Ce sont des vies qui ont été fauchées et ça mérite respect pas silence », se désole le jeune internaute. Lui aussi soutient qu’ « aucune lutte ne se gagne dans le mensonge » et qu’aucun peuple ne se mobilise quand il sent qu’on lui ment.
Chroniqueur télé, Salif Ackermann Ouédraogo partage lui également son étonnement que plus de 24h après le drame de Gaskindé, aucun bilan officiel n’ait été dressé. « Ce lourd silence ne vous rend pas service, soulagez les interrogations des populations qui attendent de savoir ce qui n’a réellement pas marché », défend-t-il.
Dans la soirée du 27 septembre, le premier bilan officiel fait par le gouvernement fait cas de 11 corps de militaire retrouvés, 28 blessés dont 20 militaires, 1 volontaire pour la défense de la patrie, 7 civils. Par ailleurs une cinquantaine de civils sont portés disparus.
Tiga Cheick Sawadogo