Le Burkina célèbre demain 22 juin, la 6e édition de la journée nationale de l’arbre sous le thème, « Arbre : capital de résilience pour un développement endogène ». Une journée qui marquera le top départ de la campagne nationale de plantation d’arbres. A Ouagadougou, une association de jeunes œuvre depuis quelques années à reverdir le Burkina. Alors qu’elle se prépare pour un camp de reboisement dans quelques semaines, elle regrette le faible taux de réussite de ces initiatives par manque de suivi des acteurs.
Armés de petites pelles, des jeunes sont attroupés autour d’une brouette remplie de terre. Avec minutie, ils remplissent des sachets d’eau vide de 30 cl de cette terre de couleur noire. Dans le groupe se trouve Camille Lankoandé, Président de l’Association jeunesse pour un développement durable (JUDEVD). Avec d’autres membres et sympathisants de l’association, il prépare des pépinières d’arbres.
Un grand événement est en préparatifs et tout le monde se met à tâche. Un camp vacances reboisement baptisé « Zéro Surface Désertique ». Il est prévu en début du mois d’août à Tenkodogo, dans la région du Centre-Est. Des arbres comme le moringa, le néré et le flamboyant jaune figurent parmi les arbres utilitaires choisis par l’association. « Nous envisageons la plantation de 2000 pieds, le reste sera complété sur le terrain », affirme fièrement Camille. Il souligne que plus de 100 000 arbres ont déjà été plantés depuis le début de l’opération il y a 18 ans. Mais une chose est de planter, une autre est d’entretenir les arbres.
Peut mieux faire
Sur 100 000 arbres plantés au cours des 18 années d’existence de JUDEVD, Camille déplore un maigre taux de réussite d’environ 57%. Le Président pointe du doigt une conjugaison de facteurs qui empêchent le plein épanouissement des plants mis en terre. Il s’agit entre autres, des conflits fonciers, de la coupe abusive du bois, la divagation des animaux… « A Piéla (Ndlr. Région de l’Est), nous avons constaté que des déplacés internes abattaient les arbres que nous avions plantés en 2016. Ça ne va pas du tout, il est urgent de trouver des solutions », soupire Camille Lankoandé. Il regrette l’absence de réponses concrètes des autorités.
Son constat est partagé du côté du Ministère en charge de l’environnement. Le bilan des campagnes de reboisement n’est guère reluisant. En 2023, lors d’une session de l’Assemblée Législative de Transition, le Ministre Roger Barro l’avait relevé. « 60 millions de plants au cours des dix dernières années, avec un taux de réussite national oscillant entre 25 et 37,5 % », établissait-il. Ce faible taux est attribué selon le ministre, à la pénurie d’eau, aux sites non protégés, aux feux de brousse et à la divagation des animaux.
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Cette année, la campagne de reboisement débutera le 22 juin dans les Hauts bassins avec la Journée nationale de l’arbre. Un choix qui s’explique par le début précoce des pluies dans cette partie du pays et qui devrait « permettre aux plants de bénéficier de bonnes pluies avant la longue sécheresse », a souligné Roger Barro lors d’une intervention à la RTB le 16 juin.
Le reboisement s’impose comme une solution cruciale contre la désertification. Mais face aux résultats mitigés des dernières années, la méthode de Régénération Naturelle Assistée (RNA) pourrait être une alternative prometteuse. C’est la conviction de Jacques Somda, agronome, économiste, et Directeur Pays de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
« Certaines plantes sont capables de se reproduire sans intervention humaine. Il suffit de les propager et de les entretenir pour qu’elles prospèrent et se multiplient », explique-t-il. Yacouba Sawadogo, « le Prix Nobel Alternatif » en 2018, avait déjà exploité cette technique. Cela lui avait permis de de créer une forêt de 40 hectares au cœur du Yatenga, région du nord du Burkina Faso.
Danielle Coulibaly